Edito 10 décembre 2018 : Vrai ou faux scandale?
- Sommaire:
- Défaillance sur les DM
- Scandale"implants files"
- Sinistralité : Déclarations MACSF
- QE : denturologie
- Vidéo séance politique ADF: prothésistes absents
Vrai ou faux scandale ?
Une vaste enquête internationale menée par 250 journalistes conforte
nos arguments concernant la traçabilité des dispositifs médicaux et leur
mise sur le marché, élément essentiel de la matériovigilance
chez les fabricants de matériaux, les chirurgiens-dentistes et les
prothésistes dentaires qui en sont les principaux acteurs.
Dans le journal Le Monde du 27 novembre 2018 , Mr Ghislain, directeur de l’ANSM,
constate le manque d’application des lois, et donc de l’absence totale
ou partielle de traçabilité avec tous les acteurs de la filière.
Pourtant je l’ai à plusieurs reprises alerté depuis 2009 lors de
rencontres avec l’ANMSM, ou encore récemment évoqué lors de la réunion
politique du Dental Forum 2018. Mais il y a une impossibilité de faire
respecter le code de santé publique en ce domaine, faute de moyens, de
motivation, de pouvoirs, voire de pressions externes. Le directeur de
l’ANSM constate également « que l’on pourrait imaginer que seulement 10%
des incidents sont déclarés »…. « Le nouveau règlement européen de 2017
se contente de demander aux états membres « d’encourager » les médecins
à déclarer ».
Si l’enquête met en cause la mise sur le marché de certains DM, imaginez si une même enquête était menée sur nos DMSM. L’enquête menée avec la collaboration de Pierre-Yves Besse du syndicat Normandie et de l’Association Perspectives Dentaires,
en collaboration avec la revue « Que Choisir » et pour le magazine «
Capital » sur France2 avait démontré des fraudes importantes et
tricheries sur les prothèses dentaires importées. La CNSD et l’ADF
avaient crié en un scandale (contre les chirurgiens-dentistes) et
avaient affirmé vouloir faire des analyses sur la nature des matériaux.
Ceci fut du bluff, de peur de trop s’exposer, de découvrir les vérités,
et de devoir rendre des comptes.
Aujourd’hui la DGCCRF, comme l’a fait l’ANSM affirme que la traçabilité
comporte des infractions aux lois existantes, voire des règlementations
non satisfaisantes. Faute d’avoir suffisamment de preuves et de
moyens, le contrôle sur les prothèses importées ne se fait, que très
rarement, et seulement sur justificatif de formulaires remplis….et en
prévenant auparavant des dates de contrôle.
Ce
n’est pas en collaborant avec des syndicats dentaires qui ont pendant
30ans ont fait obstacle à toute transparence sur les prothèses dentaires
que nous en sortirons, nous prothésistes dentaires grandis. Les revendications de l’UNPPD ne sont nullement appuyées par les syndicats dentaires.
Ce triste constat est d’autant plus préjudiciable à toute notre
profession, que notre Association qui défend tous nos laboratoires ne
semble pas écoutée, et que nos propositions étayées par des solutions ne
sont jamais discutées jusqu’à ce jour.
«
Cette édition de l’ADF n’aura pas été différente des autres : le
mécontentement du mouvement des gilets jaunes n’a pas atteint les
chirurgiens-dentistes...* »…ni le mécontentement des prothésistes
dentaires pourrait-on ajouter. A la grande différence que nos
principales revendications ne touchent pas les deniers de l’État, mais
une certaine morale, une notion de qualité et de compétence. Sommes-nous donc des passéistes sur ces valeurs, ou sommes-nous dépassés par l’immoralité du « commerce dentaire »?
Jean-Jacques Miller Ancien expert auprès de l’AFSSAPS (ANMS)
*Newsletter 194 UNPPD