Edito 378/1 octobre 2018: Prise de teinte et prise de tête
Sommaire:
- Aligneurs dentaires fabriqués en Chine
- Plafonnement: des prothésistes dentaires réagissent
- Dossier Spécial : Technologie Dentaire
Édito 378
Prise de teinte : pas de réclamation possible pour les patients...
Certains patients exigeants, voire pointilleux seraient finalement que des insatisfaits chroniques relevant plus de la psychiatrie que du dentaire, voire pathologiques.
C’est la conclusion à tirer à la lecture de l’article (voir pièce
jointe, l’information dentaire 26/27 du 4 juillet 2018) mais ce texte
est plus corporatiste qu’il n’y parait. Pour l’auteur, la prise de
teinte est de sa seule compétence et ne pourrait être en aucun cas
déléguée à un tiers, sous -entendu le fabricant prothésiste dentaire,
que l’auteur prend grand soin de ne jamais évoquer.
À moins que ce praticien fabrique ses propres prothèses
à l’aide d’une usineuse, ceci expliquerait peut-être cela, en l’état
actuel des technologies disponibles…..Mais ce n’est pas indiqué.
L’auteur, tout au long de son article s’emploie à
démontrer que l’art dentaire est difficile et qu’il faut relativiser la
teinte, celle-ci n’étant pas un soin vital et donc secondaire.
Ce qui pose la question : combien de dents à la teinte plus qu’approximative, sont posées chaque année en France ?
Nous pouvons de notre côté, conclure que le praticien, dans “son entière responsabilité déontologique”, ne soit pas le plus compétent, vu qu’il ne fabrique rien.
En attendant la prise de teinte numérique sans défauts et la technologie de fabrication robotisée soient totalement au point, il serait bon de faire reconnaitre que la personne la plus qualifiée pour la prise de teinte est bien le prothésiste dentaire qui fabrique la dent,
avec son expérience et ses compétences et comme l’ont compris une très
grande majorité de praticiens qui depuis des décennies nous adressent
leurs patients au laboratoire afin que nous le fassions nous-mêmes.
À moins que le dentiste, au regard du fond juridique de cet article,
prenne l’entière responsabilité de la teinte finale, vis-à-vis de son
patient, et donc qu’il paie tout changement ou correction de teinte au temps passé.
Pour les autres, il serait temps que tous les prothésistes dentaires, soient rémunérés pour la prise de teinte que nous faisons au quotidien et les frais inhérents comme les déplacements et temps passés.
La vision de nos littérateurs, professeurs de facs ou instances
ordinales sur le sujet est déontologique, voire corporatiste, avant tout.
Il en va heureusement tout autrement dans la pratique journalière de
collaboration entre praticiens et prothésiste dentaire dans l’intérêt
des patients.
La demande de reconnaissance de certaines tâches n’a pas pour objectifs de prendre des parts de marché aux praticiens, mais simplement de légaliser
certaines prestations que nous réalisons à la demande des
chirurgiens-dentistes et qui nous font encourir des sanctions pour
exercice illégal de la médecine.
Tout comme les réparations résine, les protèges dents, les essayages esthétiques et autres « délégations de tâche » pratiqués en bouche sans prescription par la majorité des laboratoires, il serait important que cesse cette hypocrisie sans nom.
Le droit suit le monde réel, mais ne le précède pas. Il serait temps de le comprendre.
Pierre-Yves Besse Président de l’APD pybesse@apd-asso.fr