
TABLEAU D'HONNEUR SERGE
YEGAVIAN

"Un artisan à
la recherche du beau
"
"
C'est à nous
de transformer, par notre énergie, la matière en lumière. C'est là tout le
travail du prothésiste dentaire, et il va mettre une vie pour transformer la
matière, pour aller jusqu'à ce que sa prothèse disparaisse dans la lumière d'un
sourire". Serge Yégavian
Septembre 2020
sur FR3 Occitanie apparaît Serge Yégavian qui, le masque "
Je Choisis Le Sourire Made In France" sur le
visage, rend un bel hommage à notre profession, parlant de son métier de
prothésiste dentaire "un métier de l'ombre qui donne en même temps de la lumière
au sourire". Un reportage sur
Sébastien
Milliasseau Prothésiste Dentaire et MOF servait de présentation à notre
métier.
"Il n'y a pas
de hasard note-t-il, seulement des rencontres". Et des rencontres, Serge
en a fait, car il a beaucoup aimé "côtoyer les gens, partager et
transmettre".
Son Leitmotiv :
"Observer la nature, connaître les techniques et les
matériaux, apprendre à se connaître dans ses capacités et dans ses manques,
rivaliser avec la nature, s’effacer pour un temps, le temps d’une illusion, et
enfin renaître au réel. Travailler la matière c’est être à son
écoute".
L'une de ses premières conférences au Club
Français de Céramique en 1998 s'intitulait :
"De l’illusion « maîtrisée » vers la « maîtrise » de
ses illusions". Tout un programme qui résume le parcours de l'un des
"Meilleurs Ouvriers de France" dont notre profession peut être fier.

Serge résume
son enfance comme étant le "Fruit d’un père présent par son absence et
d’une mère absente par sa présence". Orphelin de père à l’âge de huit ans, avec
son frère il a été mis en pension chez les jésuites. Après une enfance
chaotique, remercié par le système scolaire, il entre en apprentissage en 1976
dans un des laboratoires de prothèse dentaire de la Faculté d’Odontologie de
Montpellier, en qualité d’auditeur libre.
Pas de contrat, pas de salaire, pas de
cours !
Deux ans après avec son maigre bagage, il
trouve des petites tâches dans trois laboratoires.
En 1980 c'est la rencontre : il intègre le
laboratoire d’Henri Angeles avec lequel il s'associe en 1985.
À force d'apprendre, de chercher à comprendre
et de "se confronter à la matière", en 1995, sans diplôme, motivé par l'exemple
de
Christian Marlaud et
Gérald Ubassy tous deux MOF et encouragé par
Jean Courrech, il s’inscrit au concours
Un des Meilleurs Ouvriers de France. Soutenu par son épouse, épaulé par ses
associés, il réussit "ce concours qui pour lui était inespéré", mais la
recherche quotidienne de l'excellence y est pour beaucoup.
Ensuite avec deux autres laboratoires, ils
créent le Pôle Dentaire de la Méditerranée à Montpellier : 2 500 m² dédiés au
dentaire. Douze ans après, le laboratoire Pro-Sud est transféré à Mauguio. En
2022, Serge cesse son activité au sein du Laboratoire Pro-Sud et poursuit sa
quête en indépendant dans son "Labor Oratoire".
Face à un
avenir dans lequel les industriels risquent de prendre la place de l'artisan
prothésiste dentaire, Serge redoute les puissances financières
destructrices de toutes les valeurs qui ont guidé sa vie professionnelle. Nous
risquons aussi de changer de paradigme, c’est-à-dire de modèle de pensée, voire
de ne plus pouvoir accéder à la liberté de pensée, et donc d’Etre.
On ne fait pas
forcément un tableau d'honneur FPD à tous les MOF. Serge Yégavian fait
partie des prothésistes dentaires qui ont vécu le travail de la matière, des
matériaux, des alliages selon des principes millénaires, conforté par le
concours MOF qui l'a poussé vers"
un
cheminement intérieur c’est-à-dire
aller
trouver une
énergie qu'on ne soupçonne
pas, et c'est là le secret de ce concours finalement
".
Sans vouloir paraphraser Pierre Soulage, qui
dit « c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », Serge nous dit
« c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je
suis ».
Néanmoins, dans
notre profession le concept du beau intéresse également la philosophie, cette
science de l'amour de la sagesse.
Le beau est
dans la nature et la nature est belle. Serge a toujours cherché à s'en
inspirer. Même si l'on ne peut prouver qu'une personne est belle ou qu'un
tableau est beau, on peut naturellement et simplement l'éprouver, comme un
sixième sens, selon nos propres goûts, notre culture ou notre sensibilité. C'est
en s'inspirant du travail de la nature que Serge est devenu un faussaire, mais
un faussaire très talentueux.
Notre métier,
nous dit Serge, se rapproche étrangement de l'alchimie.
Il y a quelques années, au cours d'un très
agréable séjour au "Mas de la Brune" à Eygalières dans les Alpilles, superbe
bâtisse du XVIe siècle j'y ai découvert
"le
jardin de l'Alchimiste" qui faisait se succéder les trois « œuvres » dont
l’alchimie est composée :
l’œuvre au noir, qui
correspond à l’enfance ; l’œuvre au blanc, celle de la maturité ; l’œuvre au
rouge, celle de la connaissance.




Si transmuter
le plomb en or * était le rêve des Alchimistes, leur quête passait par trois
étapes appelées les trois œuvres. Cette recherche matérielle qui devait
permettre de posséder le métal précieux en abondance, est aussi, suivant les
mêmes étapes,
une recherche métaphysique et
spirituelle.
Cette recherche et cette relation avec notre
profession, j'ai cru la deviner lors de mes rencontres avec Serge.
Serge Yégavian nous invite à partager
"un chemin de vie poétique" dont le titre
s'intitule
"Soleil Noir", la matière des
Alchimistes.

Soleil
Noir
Des profondeurs du
laboratoire,
Dans l'Athanor de
mes rêves
J'ai fondu des
soleils noirs que j'ai accrochés
Au coin de vos
lèvres
L'or noir de mes
pensées, par le creuset révélé,
Brille comme mille
soleils colorés
À la matière
ordonnée par la raison lumineuse
Apparaît l'univers
déformé
Quand au détour d'un
sourire par la lumière réfléchie,
Trahie par trop de
luminosité
Jaillissent du cœur
enfoui les couleurs de la vie
Et la lumière de
l'Esprit
S.Y.
DE
L’APPRENTISAGE VERS L’APPRENTI-SAGE
Au début de ma
formation, mon Maître d’apprentissage m’avait préparé un bloc de plâtre
dans lequel je dus sculpter, à l’échelle 3, une dent. Après en avoir tracé les
contours sur les cinq faces du parallélépipède, j’ai commencé à sculpter, à
appréhender le volume, mais aussi l’espace, et à les situer l’un par rapport à
l’autre, afin de me situer moi-même. Chaque coup de maillet, aussi modeste
soit-il, modifie le volume, mais aussi l’espace, où, unis par le geste, le fond
et la forme ne font plus qu’un.
Ensuite, placé dans des conditions réelles,
c’est à l’échelle 1 dans la cire que j’ai dû modeler les 32 couronnes dont les
quatre dernières sont appelées dents de « sagesse ».
À la fin de ce travail, mon Maître
d’apprentissage a choisi une couronne en cire et l’a positionnée sur un cône de
coulée dont la forme évoque celle d’une pyramide, ce sommet vers lequel semblent
converger matière et esprit. Il l’a enrobée dans un matériau réfractaire et le
positif est devenu négatif ! Le Maître m’a dit : « C’est là le procédé de la
cire perdue qui a été inventé par les Égyptiens ».
Une fois le moule durci, il l’a placé dans un
four dont la température s’est élevée jusqu’à 850°. Protégé par des lunettes
noires, je regardais fondre le métal, alors que mon maître, lui, ne portait pas
de lunettes !
C’est dans un creuset, sous l’action de la
chaleur que j’ai vu le métal changer de couleur, passer du carré au rond, puis
s’affaisser et passer de l’état solide au liquide pour enfin prendre
vie.
Le métal centrifugé et refroidi, j’ai alors
cassé le moule qui contenait la couronne en cire. Celle-ci s’était volatilisée,
à l’image de l’esprit qui anime toute chose. Le métal avait pris sa place, le
négatif était devenu positif ou, peut-être, constructif. Le métal était oxydé et
mat.
Mon maître me dit : « c’est maintenant que tu
dois dégrossir ta couronne et la polir ».
Lorsqu’elle le fut, je pus me voir dedans, mais
je n’y ai perçu que mon image, c’est-à-dire la surface sur laquelle se
réfléchissait la lumière qui ne pouvait pénétrer à l’intérieur comme pour une
dent naturelle.
J’ai ainsi appris les formes, la fonction et le
travail du métal. Je voulus ensuite aller plus loin, me rapprocher de la nature
et faire de la céramique afin d’imiter une dent naturelle.
Je façonnai alors la céramique, la « materia
prima » qui est cette terre mélangée à de l’eau et qui permet le modelage. La
couleur n’apparaît pas encore, ce n’est que sous l’action conjuguée de l’air et
du feu que s’opérera la transmutation ! Les grains de céramique mis en fusion
vont se cristalliser sous l’action de la chaleur et enfin, au sortir du four de
l’Athanor, la céramique prendra sa couleur sous l’effet de la
lumière.
La
transmutation a fait son œuvre, à moi d’aller plus loin : je m’inscris au
concours un des Meilleurs Ouvriers de France. Pour m’y présenter, je dois
réaliser une œuvre comportant toutes les difficultés techniques du
moment !
S’engage alors, au plus profond de moi, une
course de l’intérieur vers l’extérieur, pendant laquelle je vis à la fois, en
dedans et au dehors, la même quête, celle de l’inaccessible étoile.
Pendant douze mois, en plus des douze heures de
travail quotidien, mon temps de liberté se conjugue, au-delà du temps et de
l’espace, dans une course éperdue.
C’est là que je
fouille les profondeurs de mon être, que je repousse des limites que je croyais
figées, que je découvre des capacités d’expression insoupçonnées. C’est là que
je me découvre, que je doute, que j’espère, que je me résigne.
Ma devise prend alors forme : « accomplir son
travail, bien l’accomplir et donner le meilleur de soi-même, au-delà du
résultat »
A la fougue du départ, avec la fatigue, succède
un certain calme.
Pour tous ces efforts, je reçois une médaille,
en son centre un homme debout et à côté un compas de même taille.
Fier et heureux de ce résultat, je suis
« revenu » dans mon laboratoire, mais le climat avait changé. Était-ce le
climat, ou moi qui avais changé ?
De l’illusion
« maîtrisée », j’apprenais à maîtriser mes illusions.
Quelle ambition ! Une telle entreprise ne
pouvait qu’être vouée à l’échec. J’avais été attiré par la lumière et je venais
de me brûler les ailes.
Je me réveillais ou plutôt je m’éveillais, tout
cela n’était-il qu’un rêve ?
En face de moi, sur un autre établi, trois
autres apprentis me regardaient et je vis qu’ils me reconnaissaient comme
tels.
Je lus dans leurs yeux le désir d’apprendre,
cette force pure où l’enseignant devient enseigné.
Que pouvais-je leur apprendre qu’ils ne sachent
déjà, qu’ils n’aient en eux ?
De mon désir
égoïste, dans une quête de reconnaissance, j’étais en train de découvrir
l’importance de la transmission, mais aussi la manière de
transmettre.
Apprendre à apprendre, le « Connais-toi
toi-même » mis au service de l’autre dans le respect de sa différence, afin que
se perpétue la tradition.
Dans un premier
temps, j’ai cherché à imiter la nature, je m’en suis imprégné. Pas après pas, il
m’est arrivé de tutoyer l’illusion.
Conscient de mon évolution, mais aussi de mes
manques et de mon incapacité à maîtriser mes sens dans la juste perception des
volumes et des couleurs, tout aussi conscient de « l’impermanence » de la
lumière, et, par là-même du changement des couleurs, armé de mon pinceau, je
sélectionne les grains de céramique, ces pièges à lumière où chaque apport
restitue une partie du spectre lumineux et je reconstitue la dent. Comme un
aveugle, à tâtons de mon esprit, j’essaye de mémoriser l’infinie palette de
couleurs offerte par la nature à mes sens afin de reproduire l’illusion et de
saisir l’insaisissable.
Après toutes
ces années d’errance à la recherche du vrai et du beau, sous les coups
répétés des assauts de la vie, s’ouvre en moi, comme pour dégager un fruit mûr
prisonnier de sa gangue d’orgueil, le cœur !
Cette quête sur illusion, conduit au cœur des
choses, aux mystères de la vie, aux réalités.
Le dépassement
de soi invite au don de soi
Il y a plus de satisfaction, a donner qu’à
recevoir.
Donner, c’est
faire le vide de ce que l’on croit avoir,
Afin de se remplir de ce que l’on
est.
Car celui qui
se donne, se remplit de la joie de l’Etre.
Serge
YEGAVIAN
Mobile : 06.69.02.77.93
Email : syegavian@wanadoo.fr
Propos
recueillis par Jean-Jacques Miller jjmiller@apd-asso.fr
N.b :En dehors du contexte évoqué sur le
parcours de Serge, et sur *
un plan purement
scientifique:
L'on pourrait
transformer du plomb en or par un accélérateur de particules. Le plomb contient
82 protons et 126 neutrons.
L’or
contient 79
protons et 118 neutrons. Pour transformer le plomb en or, « il faut lui arracher
quelques protons et quelques neutrons » C'est au Cern (Conseil européen pour la
recherche nucléaire), implanté en Suisse qu'est hébergé le LHC, le plus grand
accélérateur de particules au monde. Cette installation permet de lancer des
atomes à très grande vitesse et de provoquer des collisions entre eux. La force
du choc éjecte alors quelques particules. La manipulation est très aléatoire,
car les chercheurs ne contrôlent pas le nombre exact de particules arrachées.
« Tous les atomes ne se transforment pas en or, mais avec beaucoup d’énergie, on
peut en obtenir un ou deux » les chercheurs du Cern manipulent aussi des atomes
de plomb, mais leur but est d’obtenir des quarks et des gluons, pas de l’or.
D’ailleurs, le jeu n’en vaut pas la chandelle : si 10 g d’or valent environ
600 €, la mê me quantité de métal précieux produite dans le LHC coûterait des
milliards en raison des frais de fonctionnement.

Date : 31 Jan 2022
Tableau
d'Honneur à Marcel louvet

Marcel Louvet
(1935-2006)
Qui était Marcel Louvet ?
Après une
courte carrière en tant que Prothésiste Dentaire, puis commercial aux "Matières
Plastiques", société de fournitures pour Prothésistes Dentaires animée par
l'exceptionnel Manuel Mantel.
Il créa en
octobre 1962, la
"Franco-Suisse
Dentaire". Importateur puis affineur Marcel Louvet mit au
point différents alliages de très haute qualité.
Esprit
novateur, il s’intéressa amplement à la fonctionnalité des laboratoires de
prothèses dentaires.
Il créa une
ligne de mobilier haut en couleur qui imprègne encore le modernisme
d’aujourd’hui.
Nous
découvrîmes avec Marcel Louvet le "Made In France" également dans les fours
céramiques, qui bénéficièrent de nouvelles technologies programmables, de cartes
mémoires facilement interchangeables, ainsi que les fours de chauffe également à
programmation numérique.
Grâce à lui la profession prendra conscience de sa
nécessaire évolution et de son importance. La magnificence de ses stands au
cours des diverses manifestations aura valorisé notre
profession.
Marcel Louvet est allé au bout de ses projets
en tant que véritable capitaine d’industrie au service de nos entreprises. Des
mots que ne renièrent pas Jean-Claude Privas talentueux Prothésiste Dentaire et
Claude Pichard président de l'UNPPD qui le connaissaient particulièrement
bien.
Nous avons
vécu
"l'âge d'or" des Prothésistes
Dentaires, au sens propre comme au figuré dans les années 70/80. Les métaux
précieux circulaient partout, dans la bouche des patients, dans la poche des
dentistes, avec ou sans TVA, dans les limailles à tout va, et via des affineurs
bien plus nombreux qu'aujourd'hui. On se faisait beaucoup d'argent avec l'or et
l'Ordre des Chirurgiens-Dentistes ne s'offusquait nullement des coefficients
multiplicateurs de ce commerce bien lucratif.
C'est dans
ce contexte qu'évoluait la Franco-Suisse Dentaire S.A.R.L. née en 1962. En 1965,
la S.A.R.L. devient une S.A.
Cette société avait pour objet la
commercialisation d’alliages précieux importés de Suisse. Elle fut la première
société à avoir introduit en France l’usage des alliages dentaires de haute
technologie, permettant des travaux en bouche de plus en plus esthétiques.
L’usage de tels alliages précieux n’était à l’époque quasiment pas développé en
France.
C'est en 1969 que la
"Franco-Suisse" a développé dans son usine de 1800 m² ses propres gammes
d’alliages précieux et semi-précieux jusqu’alors importés de Suisse.
Sa très
forte notoriété a permis ultérieurement à la société de créer le département
Industrie pour des pièces de précision principalement pour l'électronique,
utilisant les métaux précieux et semi-précieux.
FRANCO-SUISSE devient ensuite
FRANSOR S.A., cette
dénomination étant plus adaptée à une clientèle industrielle, que sont Thales,
Matra, Alcatel, Sagem, Framatom, Cea, et autre grands noms.
C'est à
travers Claude Landez et Vincent Pioli dont j'ai déjà fait des tableaux
d'honneur, ainsi que de Didier Thibaut, l'un de ses représentants, que j'ai
connu Marcel Louvet.
Je me souviens d'une journée mémorable dans
l'usine de la "Franco-Suisse" à Colombes en compagnie de mes compères Landez et
Pioli. Marcel nous accueillit, faisant lui-même un délicieux repas dans une
cuisine aménagée dans ses locaux, un peu désertés.
Marcel Louvet n'était plus "le magnifique ". Il
ne dirigeait plus "son bébé". Il avait passé quelques années à Fresnes pour
homicide (par arme à feu) envers son associé, ayant voulu aller également
au-delà de ses ambitions en misant semble-t-il sur des cotations boursières,
alors que nous finissions l'âge "d'or".
C'est donc
à Colombes, deux ans avant son décès, que j'assistais au défilement de
merveilleux souvenirs évoqués autour de la table de cuisine.
Personnage à la vie exceptionnelle, Marcel
Louvet était parti de rien.
Il a
compris à travers les métaux précieux quels étaient les besoins des
professionnels du secteur dentaire et s'est servi de son talent d'entrepreneur
et de la décennie dorée avant l'avènement des non-précieux.
Le patron de la "Franco-Suisse" menait grand
train de vie, dépensant à tout-va, mais toujours avec une grande générosité
envers son entourage, ses amis, ses représentants et autres prothésistes
dentaires, offrant par exemple champagne à gogo à la moitié de l’avion à
destination de New York, ou emmenant Claude Landez dans des mines d’or Africaine
avec un certain péril, car il désirait se passer d'intermédiaires.
Il habitait
à Paris, avenue Montaigne, avec majordome, et recevait avec faste dans son
appartement nombre de nos amis prothésistes dentaires aujourd’hui aussi
disparus, autour d'un gâteau d'anniversaire doré à l'or bien précieux, sans
oublier la distribution des "montres Franco-Suisse" à tout-va. Les lingots d’or
qu’il transportait dans sa DS via d'autres destinations s'en souviennent peut
être.
C'est à
travers mon regard et celui de quelques amis que j'ai retracé sommairement la
vie du fondateur de la "Franco-Suisse" dans une époque révolue. Certains ne
voudront se souvenir que du côté sombre du personnage. Le côté flamboyant est
celui que j'ai voulu retenir, car
notre
profession a perdu un véritable ami en la personne de Marcel
Louvet.
Jean-Jacques MILLER jjmiller@numericable.fr





06 Avr 2021
Tableau d'honneur FPD "Jean-Marc Mariani"


Jean-Marc MARIANI , Prothésiste Dentaire, Artiste sculpteur
« Nous ne le savons pas encore mais nos destins sont déjà liés.
Elle, la pierre de marbre brute que rien ne distingue a priori des autres. Moi, dans ma quête de la compagne idéale, je ne verrai qu'elle. Nous nous trouverons sans nous chercher. Il suffira d'un regard….
»
J-M.M
Nous nous sommes croisés dans des congrès de prothésistes dentaires sans nous connaître, il y a plus de 30 ans. Chacun exerçait sa profession de prothésiste dentaire. Un métier qui consiste le plus souvent à imiter plus qu’à créer, ce qui est parfois plus délicat. Sans ordinateur et logiciels, sans imprimante 3D ou autres, nous façonnions la matière d’une manière plus artisanale dans laquelle la sculpture, le façonnage et le polissage ne ressemblaient en rien à ce que nous connaissons aujourd’hui en prothèse conjointe, même si la touche de « l’artiste » est celle qui fait la différence entre le courant et l’exceptionnel.
D' Artisan à Artiste
Fils d’ébéniste, Jean-Marc Mariani aurait dû logiquement s’orienter vers la sculpture sur bois. Mais… «J’ai toujours été attiré par le minéral. Gamin, je ramassais les cailloux pour leurs formes, leurs couleurs » se souvient-il.
Arrivé à Saint-Cyprien à l’âge de quatre ans , il n’a jamais plus quitté la région.
Jean-Marc Mariani après avoir fait une brillante carrière dans notre métier en l’accomplissant avec toutes les possibilités de stages, en participant également à l’activité syndicale de son département, a commencé vers la cinquantaine à occuper ses loisirs en façonnant la pierre puis le marbre, selon son inspiration, son humeur, et son désir de créativité. Dix ans après, il cédait son laboratoire pour se consacrer à sa passion, la sculpture.
Lors de nos conversations téléphoniques pour rédiger cet article, Jean-Marc souhaitait montrer qu’il y a une autre vie après celle trépidante du laboratoire et de ses activités annexes, ayant vu autour de lui des confrères anxieux à l’idée de prendre leur retraite.
J’ai connu des confrères qui sont partis en camping-car explorer la France voire l’Europe, voyager, courir le guilledou ; d’autres se sont mis à certains sports plus assidûment comme le golf, le vélo ou la marche, le jardinage, la pêche aux petits comme aux gros, la lecture et même se convertir à l’écriture, sans oublier "l'Art d'être grand-père". Certains par contre n’ont trouvé aucune occupation, bougonnant, ressassant un passé toujours meilleur ou dissertant sur un avenir trompeur. D’autres consœurs et confrères n’ont pas forcement attendu leur fin d’activité professionnelle
pour vivre leur passion et transmettre autrement leurs émotions à travers la peinture, l’écriture, la sculpture, la photographie d’art : on y retrouve des anciens prothésistes dentaires tels, Didier Lemaitre, Éric Gendreau, Marie – Hélène Vignal, Céline Bourget, Erwan Le Bon, Jean-Claude Allard et bien d’autres, qu’ils ou elles m’excuseront de ne pas les citer.
Je ne peux m’empêcher de mentionner René Carré Prothésiste Dentaire-Peintre (
1925-1993) que j’ai parfois rencontré lors d’expositions, et que Jean-Claude Allard aimait à citer à propos de ses deux métiers : « Ce sont toutes les deux des activités artistiques, le plus en peinture, c’est que nous avons les applaudissements »
Apprivoiser le matériau noble: le marbre
"Jean-Marc Mariani s’est lancé avec force et humilité dans la sculpture mais pas n’importe laquelle : le matériau noble, le marbre, celui qu’il faut d’abord trouver, extraire, porter, laisser reposer, et travailler en y insufflant le projet qui prend forme peu à peu. Et parfois le marbre résiste, casse, ouvre une veine inconnue qui transforme ou arrête le projet. Tout d’abord il faut trouver la pierre en fonction du projet initial et cela peut prendre des jours, voire des semaines. Ensuite vient l’ébauche pas à pas, geste à geste, puis l’affinage des lignes et des surfaces. Le travail de sculpture commence alors et peut durer des semaines selon l’inspiration et le climat car Jean-Marc travaille souvent dehors.
Le ponçage représente une étape importante et longue du travail car il requiert l’emploi de plusieurs supports, du gros-grain au grain très fin. Le lustrage en plusieurs étapes vient enfin donner une touche finale au travail de l’artiste". (Michel Aliot)
Jean-Marc travaille sans croquis ni maquette et taille directement le bloc à partir de ce qu’il visualise
Le marbre, arbore des couleurs variées, du noir du marbre de Baixas au rouge du marbre de Villefranche-de-Conflent, en passant par le marbre blanc de Carrare.
Dans un style abstrait, il s'inspire de la mer, des coquillages, des poissons et des oiseaux. Il arrive à faire ressortir les veines de la matière, sa brillance, voire sa translucidité.
"Nous ne le savons pas encore mais nos destins sont déjà liés.
Elle, la pierre de marbre brute que rien ne distingue a priori des autres.
Moi, dans ma quête de la compagne idéale, je ne verrai qu'elle.
Nous nous trouverons sans nous chercher. Il suffira d'un regard.
Elle, sauvage et noble me donnera l'illusion de s'offrir sans réserve.
Elle laissera mes doigts parcourir ses aspérités mais ne se livrera pas. Je devrai prouver mon amour.
Elle testera ma patience avant de se laisser dompter par l'outil, de se laisser tailler doucement.
Alors, elle se révélera, s'adoucira jusqu'à trouver l'équilibre que je cherchais à lui donner et à devenir cette silhouette aux lignes pures et harmonieuses que j'avais pressentie.
En remerciement ultime, je la caresserai, la polirai, la lustrerai pour faire ressortir son feu intérieur.
Ainsi, de la pierre brute noyée dans la multitude, elle deviendra cette œuvre unique".
(Jean-Marc Mariani)
Les expositions
Chaque pièce est incrustée d’un grenat catalan, sa signature. Il déclarait en 2019 :
«Mon rêve est réalisé. Faire ma première grande exposition et partager ma passion pour le marbre dans mon village d’adoption (Saint-Cyprien) qui m’a vu grandir. Je ne pouvais pas rêver mieux. J’y ai mis toute mon âme et mes tripes pour ne pas décevoir les personnes qui m’ont fait confiance ".
Au musée « François Desnoyer »
Jean-Marc Mariani présenta 32 œuvres, véritable rétrospective de son travail de 1996 à 2019, dont certaines sont issues de collections privées et 17 ont été réalisées en neuf mois spécialement pour l’occasion.
Jean-Marc Mariani accumule les distinctions : la médaille d’or du Grand prix international de prestige de Cannes Azur, puis la palme d’or à Moissac (Tarn-et-Garonne) et le premier prix du Salon des arts de Boujan (Hérault), ainsi que la médaille d’étain de la fameuse Académie des arts, sciences et lettres.
Jean-Marc Mariani, inscrit à la maison des artistes, a désormais un agent, et ses œuvres participent à diverses expositions en France, en Europe et même en Chine. Il se consacre également régulièrement au golf.
Jean-Marc Mariani n'hésite jamais à mettre
l'accent
sur tous ces prothésistes dentaires, femmes et hommes, qui après s'être accomplis dans une vie professionnelle plus que remplie, ont trouvé avec un peu plus de calme et de sérénité, d'autres véritables passions. Des exemples à suivre.
Propos recueillis par Jean-Jacques Miller
>>>
Jean-Marc Mariani:
Et sur Facebook :
https://www.facebook.com/profile.php?id=100000677068101
Joindre JM Mariani : jmmariani57@gmail.com




Tableau
d'Honneur à Raymond Leibowitch

RAYMOND LEIBOWITCH (1913-1979)
"Un Pionnier de la prothèse moderne en
France"
Docteur en Médecine. Montpellier 1940
Stomatologiste. Paris 1945
Mécanicien dentiste. Paris
1949
«
Dans l’esprit du public remplacer une ou deux dents est une opération qui
s’apparente au changement d’une roue de voiture. La réalité est bien différente
: Réussir un bridge ou une couronne est un art véritable »
Au début des années 60,
Raymond Leibowitch prend conscience du fossé
qui existe entre la dentisterie française et celle des Etats Unis.
Les matériaux, les technologies et la
philosophie dentaire sont à des années-lumière de ce qui s’enseigne et se
conçoit outre atlantique.
Il s’abonne à des revues de « là-bas » ,apprend
l’anglais en lisant avec passion des articles parlant de matériaux et de
techniques d’empreinte. En France on fabrique des couronnes « bague », on prend
des
empreintes à la pâte de Kerr et au
«Stents»… Aux USA, on utilise des méthodes indirectes avec des
thiocols, hydrocolloides ou silicones…
Il
découvre l’occlusion et la gnathologie, les articulateurs tout ou partie
adaptables, et cerise sur le gâteau: la céramo-métallique.
Jusqu’àlors , la céramique dentaire était
utilisée pour les dents préfabriquées et la fabrication dans les
secteurs antérieurs
des « couronnes jackets » sur
platine.
Les
americains proposent un nouveau procédé: La céramo-métallique utilisable
non seulement pour les incisives mais également dans les secteurs postérieurs
car cette
technique conjugue solidité et esthétique
.
C’est la
révolution ! Succès mondial immédiat.
Leibowitch fait entrer cette modernité dans la
dentisterie française.
Nouveau procédé encore imparfait.
Tout est à définir : conceptions des maquettes,
manipulation des pâtes pour obtenir les teintes, contrôle
des
liaisons et des cuissons sur le métal.
En 1966, il
crée avec quelques prothésistes «Le Club Français de Céramique Dentaire(CFCD)
»,
association de céramistes passionnés qui mettent en
commun expériences, échecs,trouvailles ….La céramo-métallique trouve très vite
sa place propulsée par des industriels tels que VITA et CERAMCO…
R. Leibowitch
y contribue largement en sillonnant la France pour prêcher
la bonne parole prothétique.
Orateur hors
pair, il passionne ses auditeurs.Il les amuse aussi par ses « coups de
gueules » restés célèbres pour les plus anciens d’entre nous..
Mai
1968, révolution sociale cette fois, qui va voir la création de la
Faculté de Chirurgie dentaire de Montrouge. Il
sera un enseignant très écouté et un maitre de thèse prolifique pour de nombreux
futurs praticiens.
Il devient le chef de file de
toute une génération d’assistants et de maitres de
conférences.
Outre ses activités de praticien et de
formateur, il adorait toutes les formes de spectacle, de la musique au cinéma en
passant par le sport..
Dans les années
50 il fut contre -ténor dans le célèbre groupe des « 4 barbus » puis dans
la « Chorale des amis de la nature » reprenant « Quand un soldat » de
Francis Lemarque
dont il avait
épousé la sœur « Mauricette »
en secondes noces.
Très
musicien, il n’était pas rare qu’entre deux patients, il joue de la
flûte traversière devant son four à céramique
entre deux cuissons !
Le
cinéma, également, par sa sœur Marguerite, plus connue sous le nom de
Margot Capelier
la plus grande directrice de casting du cinéma
Français pendant des décennies
Le sport
aussi, malgré sa taille modeste il adorait le volley-ball qu’il
pratiquait
comme passeur tous les étés sur les plages du coté de
Cabourg.
Raymond
Leibowitch a été un ardent défenseur des prothésistes
dentaires.
Il sera le
premier praticien à demander à ses confrères de les citer dans les
publications et conférences auxquelles ils participaient.
C’était un homme engagé,un praticien passionné , un
conférencier adulé , jamais avare de bons mots .Parmi ceux-ci , ceux qui
l’ont connu ne pourront jamais oublier : les rapports parasexuels de mouche !
Les dents suffisamment solides pour manger du mammouth cru ou encore cette
réflexion : Au prix que vous payez
les couronnes
céramo-métalliques il faudrait q’elles s’auto-nettoyassent ….
Merci Raymond.
Jacques de Cooman Prothésiste Dentaire,
avec la collaboration de
Michèle de Rouffignac
Chirurgien-Dentiste
(Le dessin de Raymond Leibowitch a été réalisé
par Antoine Vassalo, son élève).

« Cher Jean-Jacques,
j'ai effectivement bien connu "Lébo" et les amis, du premier cercle de ses fans.
Lebo est devenu amical le jour où il a découvert au bas d'une lettre que je lui
adressai la terminologie utilisée par un romancier(jjm: Raymond Levy, père de
marc Levy) "Swartzenmurtz ou l'esprit de parti". La locution"Schwartzienrmurtien
vôtre" l'avait convaincu que j'étais de son bord, maniant raillerie et
approximations.
Depuis il me saluait quand nous nous rencontrions
dans le hall de la fac, et ignorait superbement certains collègues qui
m'accompagnaient.
Il savait lire et maniait
superbement l'ironie. Je me souviens d'un dialogue à l'ADF où devant une
réflexion de Jean-Claude Harter, relative à son "
mauvais caractère" il lui répondit vertement: "
si j'ai mauvais caractère, c'est parce que je
mesure 1 mètre 59". Il a formé un bon nombre d'excellents enseignants qui
furent de mes amis ».
Michel Goldberg
Professeur émérite Faculté des
Sciences Médicales et Biologiques (
juin 2020)

La première fois que j’ai vu, entendu et été séduit
par le Professeur Leibowitch, ce fut le 18 octobre 1973, à Versailles,
lors d’un séminaire organisé par le C.O.S.Y. J’y avais retrouvé nombre d’amis,
prothésistes dentaires et chirurgiens-dentistes. Ce fut une manifestation
d’ampleur, prouvant que l’on pouvait attirer nos deux professions parrainées par
un
seul
homme dont le nom faisait remplir les salles de conférences.
Environ 400
prothésistes dont 1/3 de salariés, près d’un millier de dentistes et
stomatologistes et près de 500 demandes non satisfaites, furent les chiffres
émis alors.
Chirurgiens-dentistes et Prothésistes dentaires
travaillèrent en direct,
alternativement, dans un état
d’esprit exceptionnel, sur 2 écrans et avec des moyens techniques importants
pour l’époque.
Tout d’abord, le Dr Leibowitch
précisa l’objet de cette réunion et dénonça avec fermeté les
pressions inadmissibles auxquelles le C.O.S.Y. avait été soumis pour que la
réunion n’ait pas lieu dans «
cette forme
d'étroite collaboration entre Prothésistes et Cliniciens ».
Voilà l’homme qu’était " Leibo "
".
Je ne peux
citer les noms de tous les conférenciers dans leurs différentes interventions,
parmi ceux-ci: Claude Pichard sur la qualité des empreintes, source de qualité
ou d’échecs assurés, Paul Pretto et Claude Landez sur leurs procédés de dorure
par electro-déposition
des céramiques sur nickel-chrome. »
Leibo » montra tout son talent en expliquant
l’intérêt à l’époque des soudures d’or à haute fusion permettant les
interventions secondaires sur la céramique. Nous étions en 1973. Francisco Ganzo
fit un exposé applaudi sur les maquillages en profondeur dans les
céramiques.
Nous
découvrîmes aussi à cette occasion le système Pindex récemment importé en
France.
Parmi les prothésistes dentaires , il y eut la
plupart des meilleurs de l’époque :Aizen, Dauriac, Lagnaux, Standardi,
Carmona,
De Cooman, Ollier, Montagnon, Pradoux… et
parmi les Chirurgiens-Dentistes Robert
Bugugnani, Simon Perelmuter, Christian Knellesen, Claude Valentin, Michel
Degrange, Yves Samama, Monique Brion, Francine Liger, Jean- François Técucianu,
Alain Fontenelle, Gilbert Amzalag, Michèle de Rouffignac et bien d’autres
encore...
Raymond Leibowitch fut un meneur de jeu exceptionnel,
plein d’humour, souvent plein d’humilité, mais sans pitié pour ceux qui ne
partageaient pas forcément ses points de vue. Il ne laissait donc
personne indifférent.
Les
Prothésistes Dentaires présents dans le cabinet dentaire de Raymond Leibowitch
m’ont tous mentionné,
la flûte traversière et le
bilboquet, ses dadas, dont il n’hésitait pas à en jouer devant les
patients, médusés et amusés.
Quelques
années plus tard, toute la profession apprenait son décès avec consternation, et
particulièrement la majorité des prothésistes dentaires.Dans son genre, Il n'eut
évidemment pas de successeurs. Le grand amphithéâtre de la Faculté de Montrouge
porte son nom.
Jean-Jacques
Miller
Prothésiste
Dentaire
«
Mon père, Jean PRADOUX , prothésiste dentaire,
a travaillé chez le Dr Leibowitch, dans les années 60/70. Ils ont soigné
ensemble beaucoup de personnes plus ou moins connues … Brel, Bardot, Line Renaud
et tant d’autres. Il était responsable du labo de prothèse du cabinet.
Mon
père était un précurseur en céramique dentaire, un peu artiste, un peu
professeur « trouvetou » de la prothèse, mais aussi, avec et grâce à « Leibo »
un champion du bilboquet !!!! »
Pradoux
Carole

Robert Bugugnani fut
l’organisateur d’une journée consacrée à "Raymond Leibowitch" au
cinéma
parisien « le Grand Rex »
,
à
laquelle tous les membres de son équipe ont participé.
« Plus
de 5 000 diapositives, 20 projecteurs, 3 années de préparation. 7 heures de
programmes scientifiques de haut niveau.
Mon
père et ma mère étaient membres de la chorale des "Amis de la nature"
dont Raymond Leibowitch était le chef. Comme mon père, Édouard Masliah, était
dessinateur publicitaire, et que Leibo était aussi son dentiste, il s'occupait
de ses publications pendant que Raymond lui faisait ses céramiques tout en
jouant de la flûte pendant la cuisson. Un jour qu'il avait un conflit avec un
patient, il jeta par terre le bridge céramique qu'il devait lui poser en
l'écrasant à coup de talon. Ses colères en tant que chef de chorale étaient
homériques, mais à côté de cela c'était un homme qui avait le cœur sur la main.
Henri-Michel Masliah
(Prothésiste et orthésiste
dentaire)
Catherine Allégret "Les souvenirs et les regrets aussi"
"1964. j'ai dix-huit ans et j'ai rendez-vous à l'hôtel Georges
V pour passer une audition pour Clouzot.
Margot Capelier m'accueille. Margot est une vieille amie. C'est la sœur du
dentiste de notre famille Raymond Leibovitch qui joue de la flute à ses
patients avant de leur dire qu'il va leur faire très très mal et qu'il prévient
tellement qu'on va avoir mal, que l'on ne sent pratiquement plus rien "
Contact France Prothese
Dentaire
: contact@france-prothese-dentaire.fr

Tableau d'honneur à jean-Claude Allard

Les 2 vies de Jean-Claude Allard,
Quelle différence faites-vous entre la prothèse dentaire et la peinture : « Ce sont toutes les deux des activités artistiques, le plus en peinture, c’est que nous avons les applaudissements » René Carré prothésiste Dentaire-Peintre (1925-1993).
J’ai connu Jean-Claude
lorsque l’activité syndicale ne réunissait pas loin de la moitié de la profession. Il y avait à construire, à organiser et à enseigner car nous changions d’époque et nous devions innover et surtout sortir de nos laboratoires. Jean-Claude fut parmi ceux qui ont enrichi notre profession, en apprenant puis en diffusant son savoir. C’est un militant de la transmission du savoir.
La concurrence est arrivée, sournoise au début, puis active avec l’arrivée de jeunes praticiens parfois formés par des coaches qui sous couvert organisationnel et comptable, remettait le prothésiste Dentaire à la place d’un fournisseur, collaborateur plus dans la forme que dans le fond. Dès lors les importateurs avaient de beaux jours devant eux. Les mentalités changèrent également. Du côté des prothésistes dentaires nous avons partagé les mêmes illusions avant d’avouer les mêmes désillusions.
Jean-Claude Allard avait d’autres idées et d’autres ambitions.
Depuis, il a démontré qu’entre artisan et artiste, la paroi est souvent mince. Jean-Claude avait pleinement toutes les capacités pour franchir cette cloison. Sa réussite est de vivre pleinement sa vie et vivre de son travail, peut être comme il en rêvait ou l’imaginait lorsqu’il a choisi son premier métier. Son exemple n’est pas le seul dans notre profession, mais cet amoureux des mots nous l’explique mieux que quiquonque.il n’y a pas deux parcours sur terre qui se ressemblent, c’est souvent le destin qui sait nous départager. Jean-Claude a eu des parcours différents, enrichissants, complémentaires mais tellement enthousiasmants à l’entendre. Je lui laisse la parole, car qui mieux que lui peut nous expliquer ses 2 vies.
«
J’avais préparé ma retraite depuis ma 37e année.
» s’exprime ainsi Jean-Claude Allard. « En effet, je désirais pouvoir vivre une seconde vie artistique avec une liberté de création, d’expression, de reconnaissance, de passion différente de ma première existence ».
De prothésiste Dentaire à l’art pictural et à l’écriture, tel est le parcours de J-C Allard.
Jean-Claude rentre en apprentissage en 1964 à 14 ans et demi, dans un laboratoire du 20e arrondissement : quatre ans dans ce laboratoire : trois années d’apprentissage, et une année presque complète en tant que stagiaire sous la houlette d’un excellent maître d’apprentissage Gaston Brault Prothésiste dentaire émérite, meilleur ouvrier de France, et trésorier de l’UNPPD, première chance. En avril 1968 il quitte le laboratoire pour entrer à la faculté de chirurgie dentaire de Garancière au Quartier latin rue en tant que prothésiste dentaire démonstrateur. Deuxième chance. Sans perdre de temps il s’inscrit pour les cours en vue de préparer le BM1 (un brevet de maîtrise première partie) qu’il obtient en 1969. » Ce furent deux années de cours théoriques le soir à Belleville et le samedi cours pratiques à la Chambre des Métiers. Cela supposait de nombreux allers-retours. J’étais à la maison le soir vers minuit-une heure et le lendemain, il fallait reprendre le boulot… Mais la passion était présente… » Il assiste également à des réunions d’information, et à des conférences professionnelles, et rencontre Jean Vincent Pioli (voir tableau honneur APD) syndicaliste, et fervent défenseur de la profession. Jean-Claude passe 8 années à la faculté de chirurgie dentaire, « immense privilège car j’avais un plus en comparaison avec un laboratoire de prothèse dentaire artisanale : à chaque étape nécessaire jusqu’à la finition, je pouvais assister, participer aux essayages en bouche sur le patient en compagnie de professeurs ou d’étudiants. Je comprenais tout le comportement de ma réalisation prothétique sur du vivant, le futur porteur de prothèse, patient en fonction de l’espace buccal, les muscles… » 3ème chance.
Fort de cette expérience et de ce bagage professionnel, il crée en 1975, à Périgueux son propre laboratoire, et s’inscrit dans la foulée au BM2, qu’il réussira, et participe à de multiples stages. Grâce à son implication, il intègre le célèbre Club Français de Céramique Dentaire composé d’une quarantaine de professionnels dans toute la France. Afin qu’il y ait une meilleure transmission des connaissances, il crée en Dordogne en 1978 le cercle de perfectionnement des prothésistes dentaires de la Dordogne.
C’est alors de multiples activités professionnelles et syndicales qui vont marquer son parcours professionnel : enseignant, conférencier, conseiller d’enseignement technologique, Président du syndicat de Dordogne (UNPPD) puis membre du bureau national…
Il quitte la profession, et vend son laboratoire en 2012. « Je désirais pouvoir vivre une seconde vie artistique avec une liberté de création, d’expression, de reconnaissance, de passion différente de ma première existence.
Pourquoi l’art pictural ?
« Le déclic pour la peinture remonte à une période de mon adolescence. Un jour, en visite chez ma vieille tante qui aimait les belles choses, j’ai découvert un tableau qui m’avait fasciné dans son appartement vers la porte de Saint-Ouen. Ce tableau représentait une rue montante dans la pénombre, une rue menant au Sacré-Cœur de Montmartre, en arrière-plan, une perspective. Et, à l’avant-garde, sous un réverbère, un clochard triant des déchets ménagers dans une poubelle. Magnifique œuvre, riche en couleurs. Mes chers parents possédaient ce tableau et maintenant cette œuvre se trouve dans mon atelier de peinture. Elle n’est pas belle, mon histoire vraie ? Il y aurait encore beaucoup à raconter : passion, émotion, sensibilité, envie, que de beaux mots ! »
«
À la faculté de chirurgie dentaire de Garancière pour me faire quelques sous, je réalisais des planches anatomiques de morphologie pour une professeure de dentisterie opératoire de la fac Madame Aline Gonon, planches dont elle se servait pour l’enseignement à ses étudiants dentistes. Déjà j’aimais dessiner à l’encre de Chine en y ajoutant de la couleur. Alors bien évidemment ce qui devait arriver, arriva ; l’on ne peut pas être toujours sur les dents… Depuis 83 je poursuis cette passion j’aurais eu une deuxième vie artistique, libre »
Pourquoi l’écriture ?
«
N’étant pas un grand « fortiche » en orthographe
durant ma vie professionnelle en fonction de mes différentes activités je me suis mis à écrire.
-Des articles techniques, adjointes, conjointes pour différentes revues mais en particulier RFPD actualités revue française des prothésistes dentaires.
-En tant que membre du comité de lecture rédacteur adjoint de la RFPD et pendant une période rédacteur en chef (éditoriaux, coups de gueule, présentations d’articles, articles techniques etc.)
J’ai réalisé la valeur d’un livre technique comprenant plus de 700 photos « Manuel pratique de prothèse adjointe complète au laboratoire » parution chaque mois dans RFPD en tout 68 articles techniques, éditoriaux etc. représentant 202 pages rectos versos (soit 404 faces). Bien modestement c’est dire que j’avais une petite idée de la composition des mots…
Donc, bien plus tard en même temps que la peinture,
j’ai éprouvé l’envie de faire partie d’un club de poésie
; donc lecture des grands auteurs Victor Hugo, Rimbaud etc. et composer ses propres textes poèmes à déclamer en séance de poésie ce fut encore aujourd’hui comme un apprentissage. D’ailleurs je considère être un apprenti à vie et plus la vie sera longue, meilleure sera mon apprentissage.
La peinture est également un moyen de transmettre ses émotions comme d’ailleurs l’écriture avec un peu d’organisation, de travail et d’envie les deux sensibilités vont bien ensemble.
J’ai commencé à composer quelques textes puis en 2009 l’envie de sortir un premier livre « Natures sensibles » au pluriel, la Nature, ma Nature et c’est parti, depuis je suis à mon 10e livre. »
Chevalier de la Légion d’honneur et Officier dans l’ordre des Palmes académiques,médaille d’or de la reconnaissance artisanale, il est surtout fier de la médaille de la Solidarité que lui a remise Bertrand Lallé, son successeur à l’Union départementale des Prothésiste dentaires de la Dordogne. Parce que, dit-il, « elle est attribuée au nom à la fois des employeurs et des employés ! »Par ailleurs Jean-Claude, figure locale, a su devenir président de la Société des beaux-arts du Périgord durant 10 années (société crée en 1884, avant les beaux-arts de paris)membre actif du club poétique des Hydropathes, de l’association Le Quai, etc…
Aujourd’hui, il ne rêve plus que de campagne, de paysages de sous-bois où sautent des biches, de levers de soleil sur des champs non fauchés ou des sols enneigés. Son troisième recueil de confidence, intitulé « Couleurs et sentiments », paru chez Arka, est entièrement illustré par ses aquarelles qui accompagnent ses petits textes poétiques.
». Dans sa nouvelle vie d’artiste, Jean-Claude Allard a une boulimie de création. Dans son atelier de Trélissac, il accumule les toiles, huiles et aquarelles.
La délicate poésie de ses esquisses aquarellées à l'encre de Chine illustre délicieusement la riche palette de mots qui compose - tel un tableau - chaque texte du livre. Source d'inspiration, la nature évoque au fil des pages ses décors vivants pleins de fraîcheur et d'émotion. Des scènes de vies sont chuchotées et relatent avec tendresse un vécu, une observation fine des saisons, des lieux, et de toutes ces petites choses qui font les bribes de notre ressenti et des souvenirs. La lecture des poèmes et proses est une invitation au repos et se savoure avec délectation.
La poésie, l'écriture au sens le plus vibrant, mais aussi la peinture, le dessin, sont des refuges artistiques. Les auteurs de ces refuges permettent à tous les autres, non seulement d'admirer et de se ressourcer, mais également de rêver.
Jean-Claude Allard
fut responsable de l’ «
Espace Art » au Dental Forum 2012, réunissant une dizaine de prothésistes dentaires exerçant leur talent dans les domaines de la sculpture, de la peinture, de la photographie d’art, de l’écriture… Il aurait souhaité que l’on mette plus en valeur et régulièrement tous ces « artistes ». Eric Gendreau, Didier Lemaitre, Marie-Hélène Vignal, Nicolas Vilboux, Rolande Delanoue, Céline Bourget, Hervé Schiffner, Erwan le Bon, Vincent Rideray… Appel aux volontaires.
Propos recueillis par Jean-Jacques Miller
( juin-août 2020) Jjmiller@apd-asso.fr
Pour conctacter jean-Claude :
Jean Claude Allard
La Grande Mare
24750 Trélissac
(Dordogne)
Tél : 06 32 95 31 05
allardmaryse@hotmail.fr

Vision de peintre
Le soleil martèle
La terre se ride et craquelle
Nulle pâquerette même sèche
Sur cette terre aride et rèche.
Le vert devient jaune
D’un jaune passé, morose
Le rouge géranium devient rose
Les arbres se défeuillent comme à l’automne.
C’est l’annonce d’une palette tentante
Sentimentale, automnale, volante
Celle qui empile les bûches à l’abri
Pour que plus tard braisent les désirs inassouvis.
Jean-Claude Allard
(
Jeudi 29 septembre 2016 )
(extrait: "Soigner les maux par les mots")



" J’ai eu l’immense chance de côtoyer Jean Claude Allard durant 5 années.
?Moi le '' petit banlieusard '' qui n’avait, il faut le dire, pas grand-chose, ni à rêver, ni à entreprendre,le destin a mis sur ma route cet homme extraordinaire, à la fois universitaire et amoureux de Brassens.
Il m’a appris à apprendre, à regarder, et surtout à aimer mon métier. Il a toujours été visionnaire, travailleur acharné et pédagogue hors pair.
Il a aussi participé au démarrage des cours de CPES en prothèses bi maxillaire sur Paris.
Il y avait des moments parfois difficiles dans mon apprentissage avec Jean- Claude mais c’était toujours dans la bienveillance.
Cet intellectuel maître artisan prothésiste dentaire a élevé son métier et les gens qui l’ont entouré, vers une sorte de reconnaissance et parfois de naissance professionnelle et personnelle.
Je lui adresse une nouvelle fois toute ma reconnaissance et mon amitié"
?PS : la signature de Jean-Claude résume assez bien son parcours AJC ......
Philippe Thomas
Prothésiste Dentaire

Tableau
d'honneur à Claude Landez

Claude Landez :
prothésiste humaniste
Claude avait un charme et un pouvoir d’attraction
lorsqu’il intervenait
.Claude était
avant tout un homme généreux et disponible. Rentré en urgence de Corse en 2008
et après avoir été opéré du cœur, j’avais eu une conversation téléphonique,
alors qu’il était sur son lit d’hôpital, concernant sa future participation à
« nos rencontres APD » auxquelles il comptait fortement participer.
La Corse justement qu’il rejoignait
souvent
, pour séjourner dans sa maison à
Pinarellu où ses voisins s’appelaient Stéphane Freiss, Michel Sardou ou Michel
Constantin. Ce dernier, acteur de cinéma reconnu, après avoir été capitaine de
l’équipe de France de volley, animait un club de ce sport à Pinarellu… Où le
rejoignait Claude. J’ai appris, en faisant ce tableau d’honneur que Claude
pratiquait également le volley et avait créé une « corpro » de volleyeurs, avec
les employés de son labo et d’autres prothésistes dentaires dans les années
soixante-dix. La Land Rover trônait à côté de sa maison, symbole de tous ses
périples africains. En la voyant, on se mettait immédiatement à
rêver.
D’origine Ardéchoise et Aveyronnaise, Claude
avait créé un laboratoire à Issy les Moulineaux, puis s’était associé à trois
autres prothésistes dentaires, Jacques Gastine, Bruno Honoré, Jacques Lerondeau,
pour créer LDA avenue du Maine 75014 Paris, l’un des plus importants
laboratoires de la région parisienne.
Lorsque nous
voyions Claude animer une conférence
on ne
pouvait que le respecter. Il a fait partie des vingt glorieuses années de notre
profession entre 1965 et 1985 au cours desquelles la céramique a tellement
évolué, mais avec tellement d’échecs, que nul ne les ayant vécus, ne peut
imaginer. Il a donné ses lettres de noblesse à notre profession avec les
meilleurs des prothésistes dentaires de l’époque (
Lagneaux, Pichard. Michaelli, Pradoux, Ollier,
Lambart, Ganzo, Landez, Hugon, Gastine.) Une époque où la céramique
dentaire était une véritable épopée. Ce fut le début des interventions publiques
et des conférences, où les prothésistes dentaires communiquèrent, aussi bien sur
leurs échecs techniques que sur leurs succès.
D’introvertis, ils devinrent extravertis, avec l’aide
de courageux dentistes et stomatologues.
Modeste et généreux, il aimait conseiller,
enseigner et dispenser son savoir qui était immense.
Bruno Giordano me disait garder le souvenir, où venant
de s’installer, Claude était venu dans son laboratoire, l’encourager en lui
souhaitant une belle réussite, ce qui fut fait.
Il était aussi
capable de s’émerveiller devant l’apparition de la CFAO, avec une petite
inquiétude, un changement d’époque. Quant aux importations de prothèses
chinoises, nous avions le même point de vue.
Il avait aussi «
bourlingué » avec Marcel Louvet Fondateur de la Société Franco-Suisse
(devenue Fransor) et je me souviens de toutes ces
incroyables anecdotes recueillies lors d’un déjeuner préparé par Marcel, dans
son usine, en janvier 2006.Q quel personnage également, avec des ombres et de la
lumière.
Claude avait créé TAA, « Trans Africa Association
», Association de terrain née en 1984 d’une collaboration avec le
Dr Robert Bugugnani
, enfant spirituel du grand Leibowitch, composée de
professionnels et de coopérants bénévoles résolus à apporter leur contribution
dans le domaine de la santé, de l’éducatif, du sanitaire et du social. C’est au
Burkina Fasso, pays démuni de l’Afrique sahélienne que se sont portés tous ses
efforts pendant ces 25 dernières années. TAA a notamment réalisé 27 équipements
dentaires complets et 1 laboratoire de prothèse dentaire entièrement équipé au
CHR de Ouahigouya
En tout, 75
missions furent menées à bien.
Trouver des donateurs, acheminer produits
pharmaceutiques, médicaux, dentaires, et jusqu’à même apprendre la
céramique aux prothésistes locaux, ce fut l’infatigable bénévolat de Claude et
de Michèle, avec qui il devait fêter ses noces d’or.
«
Tout cela est le
fruit de l’engagement d’une espèce rare, générosité et altruisme bien dirigés,
celui d’un couple que tous ceux qui ont le privilège de le connaître n’ont pu
qu’aimer et admirer : Claude et Michèle, sa femme son alter ego. » disait
Docteur Robert Bugugnani (décédé en décembre 2019) lors de ses
obsèques.
Autant d’actions qui ont été
récompensées
en 1995 par l’Ordre du
Mérite Burkinabé pour services rendus à la Nation, après celui de l’Ordre du
Mérite français en 1977. Médailles qu’il ne portait jamais, dont il ne parlait
jamais. Il ne ressentait pas le besoin de se montrer, modestie
oblige.
Claude avait
été
CET (
Conseiller de
l'enseignement technologique) à l'Éducation Nationale, et l’un des fondateurs
Club Français de Céramique en compagnie
du professeur
Raymond Leibowitch qu’il
présida également. « Leibo » qu’il faudra bien aussi honorer, un homme de
caractère, humaniste lui aussi, qui venait avenue du Maine pour échanger et
partager, leurs propres expériences professionnelles.
Il intervenait parfois au sein du syndicat parisien
des prothésistes dentaires pour motiver notre profession
à se battre pour un niveau
supérieur d’enseignement, type bac +3. Il avait également parmi sa clientèle le
professeur Guy Penne, doyen de la faculté dentaire qui devint conseiller du
président Mitterrand.
Claude était
aussi expert judiciaire près de la Cour d’Appel de Paris
. Par ailleurs, il donnait
régulièrement des conférences en France et à l'étranger et il était l'auteur de
nombreuses publications. Ses relations étaient éclectiques, ce qui enrichissait
son savoir et son humanisme.
Parmi les truculentes histoires qui ont émaillé sa
vie
, celle
d’avoir appareillé un célèbre Président d’Afrique très lié à la France et
réciproquement. Claude était arrivé en compagnie de Robert Bugugnani à
l’aéroport de cette capitale africaine où les attendait en grande pompe Mercedes
blanche et cérémoniale. Travail en binôme effectué avec succès, quelques mots
malencontreux échangés dans leur chambre d’hôtel et ayant été interceptés par
des gens dont c’étaient le métier, ils furent priés de quitter le pays par le
premier avion venu…
Dans ces tableaux d’honneur à notre
profession
,
j’ai voulu honorer les personnes, qui en plus de leur métier, se sont données
corps et âme à des passions et à des actions continues. Claude Landez, c’était
la générosité qui faisait partie de sa nature « il avait compris qu’un don ne
devait pas être un abandon » (Robert Bugugnani). Avec
Michèle, il récoltait du matériel et des
produits spécialisés (médicaments, équipement dentaire de cabinet et de
laboratoires.) mais pour être certains qu’ils arriveraient bien à destination,
ils participaient à leur transport routier et à leur distribution. «
Claude Landez s'acquittait de ce véritable apostolat,
avec silence et modestie. »
Nous l’avons quitté
dans une église remplie de tous ses très nombreux amis en novembre 2008,
accompagné d’un orchestre de jazz qu’il aimait tant, pour le cimetière
Montparnasse.
Une phrase
parcourue l’assistance résumant l’ami de tous les prothésistes dentaire «
Claude, on te croyait presque éternel. Ton cœur t’a
trahi, toi qui en avais tant. »
Jean-Jacques
Miller jjmiller@apd-asso.fr
Ps : Je tiens à
remercier
Philippe Landez, Claude Canton, Michel
Cavaillez..de m’avoir apporté leur témoignage pour ce tableau
d’honneur.
P.s :
Être humaniste c’est travailler pour une
meilleure compréhension du monde, c’est la solidarité avec autrui, c’est faire
fi de sa vanité.
C’est
attribuer les mêmes droits aux hommes tout en sachant qu’ils sont
différents
.
C’est cultiver la
tolérance, c’est respecter l’homme. C’est donner à l’autre le droit de penser
autre chose que ce que l’on aimerait qu’il pense. C’est donner à l’autre le
droit d’exprimer autre chose que ce que l’on voudrait, en notre for intérieur,
entendre. C’est adapter son action à la capacité de recevoir de son partenaire,
C’est avoir du cœur tant en actes qu’en paroles, tant en paroles qu’en actes.
C’est enfin être convaincu que l’effort ne trouve sa récompense que dans sa
propre conscience....





P.s: Afin de complèter nos
tableaux d'honneur, nous recherchons tous témoignages concernant le Professeur
Raymond Leibowitch.
Ecrire: apd@apd-asso.fr

"
Tableau
d'Honneur à Dino Li "

"L’œil et la main" de Dino
«
Avril 2020.
Les masques de protection,
l'hydroxychloroquine et
la pandémie
sont les
premiers sujets d’actualité des Français, mais nous avons tous envie de nous
évader, de rêver, d’admirer les belles choses.
Pour Dino Li, le Covid19
devient la fleur de pissenlit
chargée de ses aigrettes dont il
suffit de souffler dessus pour les voir s’envoler. La photo est superbe. Dino Li
est en France. La réalité est dans le confinement. Il faut attendre pour
ressortir, « restez chez vous » nous souffle-t-il. Le confinement, Dino l’a
connu.
Sa terre natale c’est l’île Maurice
, plage de rêves et lagon
turquoise pour les touristes, avec un système éducatif basé sur le modèle
anglo-saxon et où de multiples influences se retrouvent dans une savoureuse
cuisine locale, un art de vivre raffiné dans laquelle l’ancienne présence
française est omniprésente. Mais pour Dino, les perspectives d’avenir sont
limitées.
Venant de l’Île Maurice avec un visa d’étudiant
il y a 25ans, une histoire d’amour le fait arriver à Lyon
. Il s’inscrit à IFOSUP pour passer
un CAP en deux ans puis 2 années de spécialisation. C’est en deuxième année que
son professeur,
Serge Pommet lui a ouvert
les yeux et lui a donné vraiment le goût du métier, une reconnaissance qu’il ne
cesse de revendiquer. Au bout de ces quatre années, avec son visa, il n’avait
pas la possibilité de travailler et s’est retrouvé un « sans-papiers » pendant
3 ans, mais avec l’objectif de travailler pour les « sans-dents ». Sans papiers,
ne veut pas dire sans instruction, ni éducation, ni ambition. « Les aptitudes
sont ce que vous pouvez faire. La motivation détermine ce que vous faites. Votre
attitude détermine votre degré de réussite. » Un texte de
Lou Holtz, célèbre joueur et entraîneur de
football américain, qu’il cite volontiers… et il appliquera ces mots à la
lettre.
La motivation pour Dino, fut « d’attirer
l’attention et de donner l’envie ».
Au côté d’
Hugues Bory, il a appris à maîtriser les
matériaux en correspondant avec lui puis en le rencontrant. « Apprendre à
regarder les dents naturelles, imiter et créer, apprendre de ses erreurs et même
fabriquer ses propres instruments », Dino apprend, se stimule et
s’enthousiasme.
Au bout de 3 ans c’est la fin de son
confinement
: enfin des
papiers officiels. Il finit par avoir difficilement raison de l’administration.
Et c’est là que tout a commencé :
L’apprentissage de la
céramique allait de pair avec celui de la photographie. « Les belles photos
donnent envie, donnons l’envie d’avoir envie »
Mais Dino est un prothésiste dentaire dont les
sculptures sont à la hauteur de son talent. Dans le domaine de la céramique,
« l’important c’est le rapport à la lumière » « regarder et observer les dents
naturelles » son leitmotiv, appris aussi auprès de
Gérald Ubassy « La photo m’a appris à
travailler. Ne jamais abandonner, ne jamais s’arrêter, toujours apprendre de ses
erreurs"
Chacun est capable de faire une photo de mariage et de
la rater. Ce fut le cas pour Dino, presque un drame. Et quand Dino nous
l’explique, tout devient limpide et clair « Au travers une photo, il faut
raconter une histoire pour que les gens s’identifient à l’histoire » Mariage,
enfants, famille, le noir et blanc de Dino Li nous impressionne. Expliqué par
Dino, nous sommes émerveillés.
Dino a longtemps travaillé dans un cabinet
dentaire, là où l’on voit systématiquement les résultats de nos succès ou
de nos échecs, mais là aussi où la liberté d’exprimer toutes ses capacités
professionnelles sont sujettes à la personnalité du chirurgien-dentiste, et pas
forcément à celle du prothésiste, ce personnage de l’ombre que chacun voudrait
mettre en lumière et sur scène.
Épanouissement, indépendance, vivre
entièrement ses passions et vivre aussi de son métier
… Dino, toujours souriant, modeste et
sans prétention aucune, me délivre son art de vivre. Durant nos conversations,
J’ai découvert un prothésiste dentaire heureux. À le voir et à l’entendre, vous
serez convaincus.
Aujourd’hui Dino Li à 45ans.
Il s’est installé il y a 2 ans considérant avoir désormais la maturité
professionnelle
pour
accomplir son travail avec le plus de rigueur et de liberté. Soucieux d’une
gestion saine, dans un environnement concurrentiel, il avance prudemment sur les
investissements, préférant parfois une sous- traitance de qualité, pour mieux se
consacrer à l’intégration de ses réalisations au physique et à la personnalité
du patient. La prudence est mère de sûreté. S’adapter au marché et à la
situation économique, tout en proposant une prothèse de qualité : des bases
nécessaires qu'il n’oublie pas.
La prudence chez Dino, c’est de ne pas
s’imposer, ne pas se mettre en avant.
Souvent, nous n’avons pas le choix
lorsque nous sommes devant le patient et le chirurgien-dentiste. « 3ème roue du
carrosse », diront certains ! Entre le « statut du patient » et le « statut du
praticien » il est parfois difficile pour un prothésiste d’imposer sa
réflexion.
Le patient cherchant à "s’offrir ce qu’il y a de
mieux".
Lui donner le meilleur,
c’est de s’offrir « la collaboration » du prothésiste dentaire
. Tout cela ne peut se faire lors
d’un premier rendez-vous. Il y a
toujours des protocoles de
communications à mettre en place avant le protocole photo. Ne pas se substituer
à l’homme de l’art, ne pas froisser certaines susceptibilités, mais arriver au
bon moment, tel est le travail de collaboration qui est celui du prothésiste
dentaire.
Dino Li, par ses cours de « prothésiste-photographe »
cherchera toujours à inspirer et à motiver, plutôt qu’à se montrer en
donneur de leçon, jamais en super héros.
Un exemple de travail de Dino pouvant inspirer
prothésistes et dentistes
:
Chez Dino, tout est relationnel avec le
patient.
La
première entrevue ne commence pas par une photo. Attendons regardons,
comprenons. Mettons-nous en confiance, détendons-nous, l’un et l’autre, jusqu’à
faire ressortir l’émotion. Puis vient l’art de faire poser les gens. Derrière
l’appareil photo, il y a un metteur en scène. Celui qui doit donner envie de
sourire naturellement, de rire, de faire découvrir ses dents avec toutes les
expressions de son visage. Un metteur en scène se doit de faire donner le
maximum à son acteur, le patient. Parfois c’est une dame qui en racontant sa vie
va finir par sourire naturellement, à s’extérioriser. Là, c’est gagné, et
l’artiste photographe peut redevenir l’artisan prothésiste. Tout le monde est
gagnant.
Lorsque l’on oblige le patient à sourire, la photo est
souvent ratée, car le sourire est une question de confiance.
On utilise environ 17 muscles pour
sourire, 4 fois plus pour faire la gueule. Il faut susciter l’émotion pour
rendre le sourire sincère et non feint. Il faut aussi observer les yeux, les
petites rides, les pattes d’oies qui sont le signe d’une authentique joie. Et
clic,
le sourire devient naturel, la photo est bonne. On ne peut
pas dissocier le sourire et les dents, mais la photo ne sert plus à prendre
seulement la teinte, mais à guider le prothésiste dans la maîtrise des formes,
des couleurs, et de l’envie du travail bien fait.
Un style qu’il a acquis à force de travail,
voire avec l’aide de Facebook sur les différents forums photographiques, son
terrain de jeu, comme il l’appelle. Quant à Photoshop attention à ne pas en
abuser dans notre métier. Vous tromperez le praticien sur votre travail une
fois, mais pas deux.
Dino nous rappelle l’importance de ce que nous avons
envie de faire passer comme message dans la photo, et si possible de
s’amuser par le travail, ce qui n’est pas permis à tout le monde.
Photos d’enfants, de femmes,
de dents sculptées, de coupes de dents naturelles, d’instruments dentaires, de
visages, de sourires ouverts ou fermés, toutes ces images défilent avec un réel
bonheur, devant ceux qui ont assisté à ses cours ou à ses
conférences.
Grâce à son œil et sa main Dino a pu concilier ses
deux passions au service des trois acteurs du dentaire, le patient, le
prothésiste, et le dentiste.
Mais, rien n’est acquis dans notre métier, on essaye
de limiter ses échecs, on apprend tout le temps, de soi et des autres.
«
Je vous invite à embrasser ce merveilleux art qu’est la
photographie et à l’intégrer dans votre pratique journalière, non seulement pour
mettre en valeur votre travail, mais aussi pour que vos photos deviennent le
reflet de votre créativité et de votre passion»
Dino Li
J’ai essayé de rapporter le plus fidèlement ce
que j’ai retenu de Dino , reprenant parfois ses paroles ou les interprétant,
traduisant sa volonté de faire partager son expérience professionnelle, et
au-delà, de sa vie tout court. Un tableau d’honneur qui ne pouvait lui échapper.
JJ Miller
(31 mai 2020)
Sur Dino Li :www.dinoli.com
https://www.sensdigitaldentistry.com/




Les commentaires
sont les bienvenus et appréciés. Vous pouvez nous écrire, nous le publierons
après lecture. Écrire : contact@apd-asso.fr

Tableau d'honneur à
Hugues Bory
Hugues
Bory
Hugues a été une source
d'inspiration et un moteur pour nombre d'entre nous. Il a formé plusieurs
générations de prothésistes à la prothèse totale selon le concept Gerber. Il a
amené cette spécialité de la prothèse totale à un niveau d'excellence comme peu
de personnes savent le faire.
Au-delà de son
apport aux prothésistes dentaires, certains d'entre vous se souviendront
de l'aventure de la denturologie, à la grande heure du syndicat au début des
années 90. Là encore son énergie et ses connaissances étaient une valeur
inestimable pour l'avancé de cette profession alors naissante en Europe et au
Canada.
Jésus Navas qui l'a bien connu à partir de cette époque, l'a décrit,
lors de son oraison, en deux termes : C'était
un
Savant et un Missionnaire
Savant par
ses connaissances acquises en se formant seul, ramenant de Paris des
livres d'anatomie, de kynésiologie, de psychologie, de pharmacologie, de
microbiologie, de technologie …
Un jour il s'est exclamé « j'ai trouvé ! » ,
comme les savants grecs s'exclamaient « Euréka ! »il s'agissait de comment
concilier la denturologie en France.
Ainsi ,
il a inventé le stage de prothèse totale des 3P ( Praticien, Patient,
Prothésiste ).
Tout le monde dans le
même stage pour mettre en œuvre le magnifique concept Gerber.
Avant
d'être le personnage incontournable du concept Gerber en France , il s'était
déplacé en Suisse
pour rencontrer Max Bosshart et lui montrer ce dont il
était capable. Il a sorti de sa valise les livres et les articulateurs ,
montrant son savoir à Max qui témoigna par la suite avoir été impressionné par
sa prestation. Et son numéro combien de fois il l'a joué, déballant sa science
devant des auditoires rendus insomniaques par le fossé qui apparaissait entre
leurs réalités et ce qu'ils découvraient.
Ce
savoir , il l'a partagé des années durant en enseignant dans des écoles,
organisant conférences et stages, allant jusqu'en Russie, en Hongrie, au
Cambodge et en Inde. Se spécialisant même pour la formation, et chaque week-end
il remplissait inlassablement sa voiture de plâtre et modèles de travail,
articulateurs et arc faciaux, alginate et oxyde de zinc pour transmettre ce
savoir.
Arpentant la France de Lille à Nice,
de Rennes à Strasbourg de Lyon à Bordeaux pour diffuser la 'bonne parole' d'une
prothèse bien équilibré, d'un enregistrement intra-oral par pointeau central ou
d'une empreinte myo-dynamique. N'est-ce pas cela un Missionnaire ?
Qui d'autre dans son domaine a su plus que lui motiver
des prothésistes prêts à abandonner. J'ai reçu bon nombre de témoignages
d'entre vous m'ouvrant les yeux sur ce personnage, j'ai appris à le connaître
aussi au travers de votre vécu personnel avec lui. Certains le décrivant tantôt
comme un grand homme, tantôt comme une locomotive ou un puits de science , même
un mythe suscitant l'admiration autant que la jalousie.
Elle nous manque sa moustache légendaire, ses coups de
gueule mémorables, sa verve inlassable et son éloquence. Qui aboiera
férocement au son des noms des grandes compagnies dentaires comme il savait si
bien le faire ? Ses stagiaires savent bien de quoi je parle.
Je salue ici
l'homme, le professionnel et le père, desquels j'ai tiré ce que je suis devenu
aujourd'hui.
Moi comme tant d'autres dans la profession, nous lui devons
énormément. Pour ma part je lui dois tout , jusqu'à mon existence même. Son
héritage restera vivant au travers de ses enseignements et aussi au travers des
prothèses que ses stagiaires réalisent suite à ses conseils.
Sa philosophie me reste en mémoire « Ecoute la nature
et elle te respectera. » c'est ce qu'il disait pour illustrer le fait
qu'un enregistrement intra-oral était donné par le patient et non induit par le
praticien.
Je suis heureux qu'avant sa chute j'ai pu le conduire à deux
reprises à Chitrakoot, en Inde, où il a œuvré en bénévole pour l'association
Global Denture que j'ai crée. Il a enseigné aux Indiens son art.
Ce travailleur inlassable n'aurait jamais pu
abandonner la prothèse et elle le savait bien, c'est elle donc qui l'a
eu.
Vendredi 5 octobre 2012, Hugues Bory, nous a quitté.
Julien Bory
julien.bory@gmail.com


TEMOIGNAGES
(1)
Aujourd’hui si tout le monde reconnaît le
talent d’Hugues BORY, il n’en fut pas toujours ainsi et de nombreux
chirurgiens-dentistes Normands et pas seulement, le boycottaient, soupçonné
d’être un dangereux denturologue et évité par de nombreux confrères pour ne pas
déplaire à ces derniers comme l’attestent encore aujourd’hui quelques
témoignages (news2)
C’est à cette époque que je fis sa connaissance, curieux
de découvrir celui qui dérangeait le petit monde dentaire normand. De cette
première rencontre, je garde l’image d’un homme humble, souriant et convivial,
passionné et généreux, avec lequel je pus échanger longuement sur les
différentes orientations possibles pour l’avenir de notre profession.
Curieux et assoiffé de connaissances comme
l’atteste son cursus professionnel, Hugues aimait les partager aussi bien avec
les jeunes étudiants de l’ENSPO de Cergy, qu’il me fit visiter avec fierté à
plusieurs reprises, qu’au travers des stages Prothèses totales bi-max pour des
confrères plus aguerris.
Dans les années
2000, en partenariat avec la Société Rotec, Hugues devint pour tous
l’ambassadeur de la méthode Gerber et des produits Candulor, mais également le
référent pour de nombreux spécialistes en Prothèses totales bi-max, en formant
plusieurs centaines de prothésistes dentaires à travers la France.
Pour tous, c’était une remise en cause tant il
bousculait nos acquis, révolutionnait notre approche de la prothèse totale
bi-max et
élargissait nos champs de
compétences. Hugues ne se contentait pas de dispenser des cours
théoriques,
il avait à cœur de les démontrer en
pratique, dispensant sans compter ses astuces et tours de main. Intarissable et
fascinant Hugues captivait son auditoire et les stages se poursuivaient
au cours du dîner et finissaient souvent très tard autour d’un verre au bar de
l’hôtel.
La formation était si dense et les
domaines explorés si nombreux, que je proposais à Hugues de dispenser sa
formation non plus sur 3 jours mais sur 48 jours à raison de 2 jours par mois
pour un groupe de 10 stagiaires. Enthousiaste, Hugues adapta sa formation,
approfondissant tous les domaines, de l’empreinte primaire à l’équilibration, de
la cire d’occlusion à la polychromie, de l’enregistrement d’occlusion à
l’équilibrage en bouche,
invitant de nombreux
intervenants, prothésistes dentaires ou chirurgiens-dentistes, tous
spécialistes en prothèses totale bi max afin de confronter, les théories, les
techniques et les points de vue. Je me souviens des patients servant de cobaye
pour les stagiaires qui découvrant notre profession et ses complexités,
restaient suivre les formations.
Plus tard, avec les stages 3P, je réussis à
faire venir plusieurs chirurgiens-dentistes normands qui hier le boycottaient et
maintenant arrivaient accompagnés de leurs prothésistes et d’un de leurs
patients particulièrement difficiles à appareiller.
Hugues n’avait pas son pareil pour se mettre dans la
poche les chirurgiens-dentistes hostiles en quelques échanges, tant il les
surclassait par ses connaissances, ses compétences et la pertinence de ses
propos tout en faisant faire toutes les étapes prothétiques comme cliniques par
les prothésistes stagiaires, un clin d’œil à la
denturologie.
Lorsqu'il était en Normandie, Hugues venait souvent le week-end
à mon laboratoire où nous réalisions des vidéos sur ses différentes techniques
et tours de main qu’il dispensait lors de ses stages. Peu de temps avant de
tomber gravement malade, il me présenta
son
projet de livre qui reprenait l’ensemble de ses cours de formation,
malheureusement il n’eut pas le temps de le publier.
Aujourd’hui nous sommes nombreux à perpétuer sa
mémoire en appliquant sa méthode au quotidien dans nos laboratoires ou
lors de stages techniques comme le fait Pascal Donnou en partenariat avec la
société Rotec.
Pierre Yves Besse Prothésiste
Dentaire
Nombreux sont
les témoignages sur Hugues Bory. Nous faisons donc exceptionnellement une suite
au tableau d’honneur de l’APD sur ce formidable Prothésiste Dentaire.
Extraits de commentaires
et réactions sur Hugues Bory
J’ai l'impression en recevant la
documentation que le bonhomme n'est pas dentiste mais prothésiste
(avec une liste de titres à rallonge d'ailleurs) or
c'est lui qui s'occupe de faire les empreintes en bouche pendant le stage.Ce
seul point me fait me poser des questions quelqu'un en a-t-il déjà entendu
parler, ou mieux, a-t-il fait une des formations proposées par ce
M. Bory ?
Maz
Chirurgien-Dentiste (Eugénol)
Je l'ai faite et j'ai été scotchée par les
cas.
Mais il est effectivement
prothésiste.
Mais pour avoir vu les cas
en bouche, les PAC tiennent toute seule, sans crête et sans colle...
Séverine
Chirurgien-Dentiste (Eugénol)
J’ai suivi tous ses stages à Lille au CFA ce fut pour
moi un grand moment.
il nous a montré une technique que lui seul
avait, je me souviendrai à jamais de sa gentillesse et ses coups de gueule,
merci monsieur pour ce savoir que vous m’avez transmis, mes respects à sa
famille.
Véronique Bury
Prothésiste Dentaire
Bonjour et
merci pour ce témoignage en l'honneur d’Hugues Bory,
J’ai moi-même fait plusieurs stages avec lui à
Marseille et Caen,et il est vrai que cela était déroutant et enrichissant, je
lui dois beaucoup en ce que je suis devenu professionnellement, il nous a
émancipés, dommage qu'il soit parti si vite, son activité l'a dévoré.
Laurent Masson
prothésiste Dentaire
2002. Premiers contacts avec Hugues Bory.
J’étais prothésiste, spécialisé en prothèse adjointe. Trente minutes après le
début de la formation j’étais Prothésiste spécialisé en rien .
Le petit questionnaire d’évaluation de niveau avait semé
la panique parmi les participants. Ce fut le début d’une formation qui après
quelques mois nous à permis d’être des prothésistes spécialisés en prothèse
adjointe totale. Anatomie, physiologie , kinésiologie , techniques de montage
etc…. Cours pratiques également sous haute surveillance. Tous les cours de
Hugues étaient accompagnés d’un support pédagogique écrit. Nous avons également
eu la participation de plusieurs intervenants. Grace au dynamisme de Hugues nous
avons très vite formé un groupe très unis, et cela m’a laissé un de mes
meilleurs souvenirs professionnels. Cette formation a été le début d’un
changement total dans ma carrière professionnelle. Hugues Bory, ce nom ne peut
être dissocié de celui du Professeur Gerber. Il enseignera la méthode Gerber
pendant des années. Personnellement Hugues Bory m’a apporté beaucoup par son
dynamisme sa gentille sse et son expérience. Il a développé ma curiosité
intellectuelle, qui était en sommeil dans une routine de laboratoire. Il
poussait ses stagiaires à apprendre et à comprendre.
Pascal Donnou
Prothésiste dentaire
J’arrive hier
pour voir les empreintes primaires de ma patiente…
Puis une matinée entière à regarder les
prothésistes faire les PEI avec des rappels d'anat archi-poussés.
Le bonhomme est à la fois très bon et bon
enseignant… Le tout dans une ambiance limite déconne très agréable.
L'après-midi les empreintes secondaires… Et là
ça a été bluffant.
On l'a regardé faire une empreinte sur un patient, puis
j'ai fait de même sur ma patiente en suivant son protocole :
Le résultat est
hallucinant, le tout de façon très simple. Et toujours dans une très bonne
ambiance avec des patients qui ont passé quasiment trois heures sur place et qui
sont repartis avec un grand sourire.
Après, on pourra critiquer l'hygiène dans
laquelle on a fait les empreintes l'après-midi !
Hugues Bory est donc bien prothésiste, mais il
se déplace aussi dans des cabinets dentaires pour faire les prothèses.
Bory
fait dans la journée la prothèse, le patient part avec ses nouvelles dents le
soir.
J’attends la suite niveau occlusion pour les deux prochains jours, mais
on a déjà fait la partie théorique de la prise des rapports, et il a l'air très
sûr de lui quand il dit qu'il n'y aura pas les interminables réglages à faire
une fois la prothèse posée en bouche.
Maz
Chirurgien-Dentiste (Eugénol)
On a eu droit à une version de "33 J", autrement dit
très intense. Mais les résultats sont bluffant. L'ambiance est
excellente et le mélange patient/praticiens/prothésistes est une excellente
chose.
Hugues Bory est à la fois très sympathique et très compétent, ses
connaissances anatomiques dépassaient, à ma grande honte, largement les
miennes….
….Le point fort est la prise des cires : détermination de la DVO,
prise des rapports inter-maxillaires à l'aide du système de pointeau : une fois
la prothèse réalisée, on retrouve en bouche la même situation que sur
l'articulateur.
Pendant le stage tu es encouragé à venir avec
un de tes patients, comme cela, tu réalises en pratique à mesure que tu vois en
théorie et cela te paye une partie du stage….Les appareils sont maquillés (voir
son site, un résultat impressionnant) et les dents sont en composite afin de
faire une occlusion parfaite dans tous les mouvements et aussi pérenniser
l'occlusion en limitant l'usure des dents.
J’ai la chance que le prothésiste qui nous a
reçus pour le stage ne soit pas trop loin de chez moi et du coup nous réalisons
ensemble la phase la plus complexe, c’est-à-dire cires et rapports
intermaxillaires : c'est pratique car je révise un peu plus à chaque fois, c'est
très bon pour l'acceptation de la prothèse car le patient voit ton travail,
celui du prothésiste, et il constate que ce n'est pas fait par-dessus la
jambe.
En gros, je me suis rendu compte que je ne
savais pas faire de belles PAT et je suis plus confiant, même si le 100 % de
réussite n'est jamais de mise, lors de la réalisation de PAT. Et le
bouche-à-oreille fait que j'en fais de plus en plus.
Omega
(Eugénol) Chirurgien-Dentiste
Hugues,
Un excellent confrère de qualité, passionné de
tour de magie, professionnel, humble, discret doué ayant beaucoup de
connaissances sans oublier la kinésiologie dont il en était fier, pour l'avoir
enseigné à ses confrères réceptifs, puis en faculté dentaire. Sujet qu'il
maîtrisait à la perfection et savait le mettre en œuvre durant son
exercice.
Je suis parti avec lui au Canada pour faire un
1er stage. Pour moi c'était un homme Bon.
Christian Besnier
Prothésiste Dentaire
Merci d’avoir
fait l’éloge d’Hugues Bory. C’était un enseignant hors norme. Il s’est
donné tel un apostolat à la PROTHÈSE COMPLÈTE bi max et ses connaissances et son
expérience ont permis à de nombreux professionnels à devenir de bons Prothésiste
ou dentistes. On lui doit énormément de reconnaissance et son nom restera gravé
dans nos mémoires. MERCI HUGUES BORY!!
Jean-Paul Marsat
Prothésiste dentaire
J'ai découvert
Hugues Bory par ses publications dans le journal "Prothèse Dentaire" dans
lequel je publiais souvent à l'époque. Ses articles étaient si élaborés que je
les ai tous découpés et rangés soigneusement dans un classeur. Étant depuis
longtemps séduit par les théories et pratiques du professeur Gerber et étant ami
de Max Booshart, j'ai désiré faire la connaissance de Hugues Bory. Ce fut le
début d'une amitié des plus sincères. Il fascinait par son énergie. Et par la
passion et l'amour qu'il vouait à son métier. C'était pour tous un immense
plaisir de l'écouter, et pour lui un jubilation de transmettre tout ce qu'il
avait appris par tant de labeur, quelle expérience, c'était impressionnant. Et
toujours cette bonne humeur, et les grands fou rire que nous avons partagés.
Jusqu'au jour, ou......j'étais dans ma voiture, au parking, le téléphone sonne,
mon dieu, c'est Julien ! Papa est mort me dit-il. Et voilà, je perdais un ami,
et la prothèse perdait un grand Maitre.
Yves Georges André Probst Prothésiste
Dentaire
Un grand et
émouvant merci à l'Association Perspectives Dentaire et Jean-Jacques pour
l'hommage rendu
à notre ami Hugues
Bory. Pour compléter les dires de mon ami et ancien associé Christian BESNIER,
Hugues lors du voyage au Québec de la première cohorte de 15 Prothésistes -
Français de France, comme nous appellent les québécois - fût remarqué pour son
excellente prestation en Prothèse Adjointe Totale tant sur le plan technique que
clinique et ce, en toute humilité. Ces contrôles d’acquis furent sur sans
concession et il obtint la meilleure note 20/20...
Nous ne fûmes pas surpris connaissant ses qualités professionnelles et
humaines.
Hugues assura aussi conférences, cours d'Anatomie tête et cou ainsi que
travaux dirigés en PAT à l’ENSPO avec passion. Ses qualités d'Enseignant fît
rayonner l’ENSPO lorsqu’il s'investira notamment entre autres dans la formation
d'étudiants de fin de 3° année de l’école de Prothèse l’In.a.D. à RABAT (Maroc)
avec toujours la même passion et rigueur.
Hugues, tu resteras toujours parmi nos amis les plus précieux dans nos
pensées et nos coeurs.
Respectueusement à sa Famille,
Max GROS, Retraité
Ancien Directeur de l'ENSPO
Prothésiste Dentaire, Épithésiste
Denturologiste (Diplôme canadien)
Hugues Bory
est décédé en octobre 2012


Jean-Vincent
Pioli
J’ai connu
Jean-Vincent Pioli en 1970, présenté par Paul Pretto, le directeur de
l’Ecole Dentaire Française lorsque nous suivions ses cours.
Prothésiste Dentaire, Ceinture noire et professeur de
judo, Jean-Vincent était un homme de conviction, mais aussi d’action et
d’engagement.
Secrétaire Général du
syndicat CGT des Prothésistes Dentaires, il avait commencé dans les
années soixante son combat afin «
d’imposer la
reconnaissance de notre métier, profession sans autonomie et dépendant d’une
autre profession, indispensable à la santé, méconnue de la population, ignorée
des pouvoirs publics… » 60 ans après ses mots sont toujours
présents.
Pressions, manifestations, il fut de tous les combats et eut
aussi le courage d’organiser et de faire une grève de la faim en 1967 pour la
reconnaissance, entre autres, de notre titre de « Prothésiste Dentaire »
promulgué par Edgar Faure Ministre de l’Éducation Nationale.
Voisin et ami pendant des dizaines d’années je
n’oublierai pas ces soirées animées que nous passions régulièrement avec
Claude Landez, Bruno Giordano, Michel Goldberg,
sans oublier cette mémorable journée dans l’ancienne usine de
Marcel Louvet, ancien PDG de la « Franco-Suisse
», cette formidable entreprise, d’innovation pour les laboratoires dentaires,
aujourd’hui disparue. Condamné pour homicide dans des circonstances
professionnelles , ce dernier fit de la prison et Vincent Pioli fut l’une des
rares personnes à lui rendre visite à Fresnes.
Jean-Vincent avait côtoyé
également
Raymond Leibovitch (Professeur
à l’université Paris V) personnalité alliant tous les talents, conférencier
plein d’humour et grand ami des prothésistes dentaires,
Marcel Vevaud (MOF- UNPPD) mais aussi
Yvan Deschamps, le premier à avoir institué en
France la prothèse adjointe métallique avec Vitallium, lui aussi personnage
également exceptionnel. Ne voulant pas voir inscrit son nom dans la revue CGT de
Pioli, mais ayant de l’amitié pour lui, il payait pour avoir une page
blanche.
Mais, on ne peut parler de Jean
Vincent Pioli sans parler de ses 3 livres dont le premier est un petit
bijou. «
Pain sans chocolat » qui se
situe entre Paris et Vivario en Corse. Nous revivons les années d’un môme des
faubourgs, une sorte d’Antoine Doisnel des « quatre cents coups » de François
Truffaut. Jean-Vincent décrit avec charme et humour, le vécu d’une époque où
l’on s’émerveillait à la découverte de la France d’avant-guerre. Nous découvrons
un livre plein de senteurs et de couleurs au travers des colis envoyés par la
famille corse qui sentaient bon la charcuterie : coppa, lunzo, figatellis mais
aussi la polenta de châtaigne et haricots corses. Puis les voyages dans l’île de
beauté à Vivario dans cette si belle forêt de Vizzavona et ses pins laricio, le
train, les vieux qu’il fallait embrasser, la maison de sa grand-mère sans
électricité, ni toilettes, mais cette femme qui a fait aimer la soupe à Pioli,
une soupe qui mijotait sept bonnes heures avec les légumes du jardin, du lard et
de l’huile d’oliv e. Plus loin le cabanon, avec l’âne et la chèvre. Pioli ne
faisait pas partie des enfants gâtés, mais sa vie était peuplée de gens simples
qui travaillaient très durement pour des salaires dérisoires, et où l’amitié et
la solidarité étaient quotidiennes. Son univers était aussi la rue, où il
fallait être le plus fort au sens réel et au figuré. On ne peut que penser aux
photos de Cartier Bresson ou de Doisneau en lisant « Pain sans chocolat » .On
peut encore trouver quelques exemplaires de son livre sur internet.
Le
deuxième livre de Pioli, édité en 1999 «
voyage
dans les années 50 » retrace sa jeunesse, son CAP de mécanicien-dentiste
en 1949, aussitôt embauché à la polyclinique des métallurgistes, ses cours de
judo, les filles et les filles, les amours, son service militaire, son
militantisme et ses espoirs, la fédération internationale des prothésistes
dentaires, 21 pays adhérents aussi différents que les USA et la Chine, l’Egypte
ou Israël, avec l’évocation d’une émouvante lettre d’un
prothésiste dentaire de 19 ans Emile David*, à
sa mère avant d’être fusillé par les nazis à Chateaubriand, Loire Inférieure,
en 1941.
Enfin «
ADN » un roman paru
en 2003 dans lequel nous découvrons l’inspecteur Santini (Corse) et Marc (le
Prothésiste Dentaire) dans une banlieue parisienne que nous décrivent si bien
les journaux en quête de faits divers et les sociologues en recherche
d’explications. Jean Vincent Pioli nous entraîne dans ce livre sur les fausses
preuves d’une enquête policière bâclée, d’un coupable tout désigné, dans un
univers de petits gangs et d’identités culturelles différentes .130 pages à lire
d’un trait.
Un jour, Jean Vincent est passé à mon laboratoire, me montrant
une lettre manuscrite de félicitation et d’encouragement de
Jean d’Ormesson pour ses ouvrages. Il en fut
très fier, à juste titre. Comme quoi, on ne peut partager les mêmes idées et
actions politiques, et se retrouver sur des sujets communs. Mais
quel honneur pour Jean-Vincent, me semble
t-il.
Bien sûr, il méditait à la fin du XX siècle sur ses engagements
politiques passés, et n’hésitait pas à en parler en promenant son petit-fils
devant mon laboratoire. Jean-Vincent Pioli est décédé en 2013. Sa fin fut
douloureuse. Cérémonie familiale, très peu de prothésistes dentaires assistèrent
à son enterrement au cimetière de Montreuil. Avec un caractère bien trempé, il
n’eut pas que des amis, et certains prothésistes dentaires m’ont fait part de
son intransigeance, « Nobody is perfect » .Même si les opinions politiques ou
syndicales divergent, elles s’entrecroisent parfois. Paul Pretto, Claude Landez
, Claude Pichard… ont côtoyé Pioli ,
à une
époque où notre profession tout entière était plus unie, et les initiatives plus
fortes.
A titre personnel, Jean-Vincent m’a donné envie de découvrir
et d’aimer la
Corse, ce que je n’ai cessé
de faire depuis.
Si j’écris aujourd’hui ces quelques mémoires, c’est qu’il
fut un exemple dans
ce qui est toujours possible
de faire dans la vie, si on en a la volonté.
Rien ne convient mieux à
Jean Vincent Pioli que le vers d’Alfred de Musset en préambule de son « Voyage
dans les années 50 » : «
Et vous aurez vécu si
vous avez aimé »
Jean-Jacques
Miller jjmiller@apd-asso.fr
P.s.
"Cher Jean-Jacques,
C'est
en effet la tristesse. Pioli était si dynamique, vivant, et plein
d'humour.
Je garde un merveilleux souvenir de nos repas pris en
commun…..
Michel
Goldberg
Professeur émérite
UMR-S 747- INSERM Université Paris
Descartes
Equipe 5, UFR Biomédicale"
(17
mai2013)


*
lettre d’un mécanicien-dentiste de 19 ans, Emile
David, à sa mère avant d’être fusillé par les nazis à Chateaubriand, Loire
Inférieure, en 1941:
"
Ma chère petite maman adorée, et mon petit frère
René, ainsi que mon cher papa,
A l’heure où tu recevras ces quelques mots, je
serai loin de vous et pour toujours. En effet, il est 1h30 et les Allemands
viennent nous chercher pour être transportés vers une destination
inconnue.
Je vais vous dire tout de suite que je dois
être fusillé, ainsi que 26 autres camarades. Nous mourrons avec l’espoir que
ceux qui resteront aurons la liberté et le bien-être.
Mes dernières pensées sont celles-ci : j’ai
fait une paire de sabots à trèfle à quatre feuilles pour toi chère maman ; et
l’hydravion pour mon cher petit frère. Je n’ai rien pour Suzanne. Je demanderai
qu’une partie de mes photos lui soit remise. Bien triste souvenir que cette
lettre, mais mourir à présent ou plus tard, cela n’a pas
d’importance.
Ne t’en fais pas, maman, et garde ta force et
ton courage, car songe qu’il y a mon frère, mon cher petit René à élever. Toutes
mes affaires te seront transmises et tout mon matériel.
Adieu, ma chère petite maman, et adieu aussi à
toi mon cher René.
Je n’écris pas à papa, car cela le chagrinera
assez vite. Adieu, une dernière fois et songez que tous mes camarades pensent à
vous.
Adieu, mon bon papa ; je vous ai toujours aimés
malgré que je vous aie fait beaucoup de peine.
Adieu, adieu à tous."
N.b.:
Le mercredi 22 octobre 1941,
jour de marché à Châteaubriant (il y a donc beaucoup de monde en ville) les
otages, partis du camp de Choisel en camions, chantent La Marseillaise pendant
tout le trajet. On leur a donné 30 mn pour écrire une lettre à leurs proches.
Tous refusent d’avoir les yeux bandés face aux 90 SS du peloton d’exécution. Ils
sont fusillés en trois groupes de neuf.